Nous ne les oublierons pas et nous ne baisserons jamais les bras. « Zakhor èt achèr âssa lekha Amalek.. lo tichkah : souviens-toi de ce que t’a fait Amalek... tu n’oublieras pas » (Deutéronome 25,17).
1400 victimes assassinées, c’est, en proportion démographique avec la France, comme si 12000 personnes avaient été assassinées au Bataclan par Daech. Sans oublier les 241 hommes, femmes et enfants, depuis les nourrissons jusqu’aux vieillards, emmenés en otages à Gaza. Rien, rien, aucune politique des gouvernements d’Israël, aussi critiquable qu’elle puisse être aux yeux de certains, ne saurait jamais justifier une telle barbarie.
Il n’y a aucune commune mesure. Alors que le vrai visage du Hamas se dévoile à ceux qui, jusqu’à ce jour se voilaient la face, voulaient croire ou faire croire qu’il s’agissait d’une organisation de résistance, luttant pour la coexistence des peuples, rien n’y fait. Il y a encore des gens pour nier les faits – un nouveau négationnisme –, tandis qu’ils s’empressent de prendre pour parole d’évangile tous les communiqués du Hamas et de Al Jazzira qui crient au « génocide » du peuple palestinien. Il y a encore des gens, au nom de grands principes, pour vouloir interdire à Israël de défaire le Hamas et pour dépeindre Israël, à travers le portrait de Netanyahou, comme, je cite : « nazi sans prépuce »... Liberté d’expression ? C’est pire que du négationnisme, qu’une dénégation du passé. C’est un « inversionnisme » antisémite, qui vise à transformer les victimes en bourreaux, à nier à Israël le droit d’assurer son avenir, en écartant une menace existentielle. Quel pays accepterait qu’à ses portes on laisse prospérer une armée intégriste qui ne vise qu’à le détruire ? Comment peut-on exiger d’un pays de vivre le couteau sous la gorge ? Comment ignorer le déferlement de haine antisémite qui frappe la planète, alors que, dans plein d’autres conflits, le sort des musulmans laisse le monde – y compris d’autres musulmans – quasi indifférent ?
Mes chers amis, je voudrais être très clair. Toute guerre est atroce. Le sang des innocents, quel que soit le camp, a la même couleur. Dans cette synagogue, comme dans bien d’autres, par le monde, nous récitons inlassablement de chabbat en chabbat cette prière : « Nous ne sommes venus au monde, ni pour nous quereller ou rivaliser, ni pour haïr ou convoiter, ni pour humilier ou tuer, mais seulement pour pouvoir Te connaître, de sorte que Ton Nom soit loué à jamais.
Établis, Éternel, Dieu de paix, la paix définitive entre Israël et tous les peuples voisins ! »
Le présent concert – et je remercie de tout cœur tous les musiciens de leur présence – n’a pas pour vocation d’appeler l’État d’Israël à la vengeance, à rendre le mal pour le mal. Nous ne souhaitons aucunement exalter la mort, que périssent des civils, et encore moins ne prônons-nous l’anéantissement du peuple palestinien. Nous ne voulons pas, malgré la peine et la colère, ressembler de près ou de loin, aux monstres sanguinaires qui ont frappé Israël. Nous ne voulons pas, comme eux, broyer en nous l’image de Dieu qui fonde la dignité de tout être humain. Les terroristes n’auront pas notre âme, ils n’auront pas notre raison d’être ! Le Hamas est le pire ennemi du peuple palestinien et de la paix ; le fondamentalisme religieux, quelle qu’en soit la religion, est le pire ennemi de la civilisation. Demain, dès que les armes se tairont, nous devrons, avec de vrais et sincères partenaires, frayer le chemin pour que les peuples et les religions accomplissent la promesse de la fraternité abrahamique portée par notre tradition. Que la grande musique de ce concert monte comme une prière, étouffe les cris de haine, les idéologies mortifères, et ouvrent les portes de la paix universelle que nous appelons de nos vœux les plus chers. « Adonaï oz le-âmo itèn, Ad yevarèkh èt âmo ba- chalom. Que l’Éternel donne la vigueur à son peuple, qu’Il le bénisse dans la paix » (Psaumes 29,11).