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Discours de Monsieur Hubert Heilbronn

Après les différents hommages au Père Michel Remaud (directeur de l’institut Decourtray de Jérusalem), Monsieur Hubert Heilbronn a procédé à de la remise du prix de l’Amitié Judéo-chrétienne au Père Michel Remaud, le mercredi 20 octobre 2010 à la synagogue Adath Shalom.
Monsieur Hubert Heilbronn est membre du comité directeur de l’AJCF et fondateur de ce prix annuel.

Discours de Monsieur Hubert Heilbronn

Après de tels discours, il est difficile d’improviser, mais je voudrais me situer dans l’A.J.-C.F. et me tournant vers Mgr de Monléon, Evêque de Meaux, lui dire que je fus, d’une certaine façon, l’un de ses paroissiens. Je pèse mes mots.

J’ai été maire de la commune de Bernay-Vilbert où se trouvent l’église de Saint-Pierre de Bernay et des calvaires. Dans le cadre de mon amitié avec le Christianisme, je les ai fait bénir par votre prédécesseur, Mgr Cornet. Et remontant de calvaire en calvaire, je lui demandai :
 « Monseigneur, quel est le principal des péchés capitaux ? »
Il me répondit, avec son accent bourguignon :
 « Natif de Nuits Saint-Georges, je puis vous dire que c’est l’envie. Les grands profanateurs du XXème siècle, les hommes diaboliques Hitler, Staline c’est l’envie qui les faisait agir. Et regardez autour de vous, quand vous verrez de l’envie, vous verrez il y a du mal ».
Je n’ai jamais oublié ce message-là.

Je n’oublie pas non plus le bonheur que j’éprouve à aller à la messe le premier dimanche de septembre, où vous et vos prédécesseurs célébrez la mémoire de notre père commun, Charles Péguy. Nous nous rendons à Villeroy, je m’incline devant la mémoire du lieutenant Péguy et du soldat Lévy.

J’ajoute, puisque le nom est inscrit dans l’Institut que vous dirigez, mon Père [se tournant vers le Père Remaud], et qu’il a été déjà prononcé ce soir, celui du Cardinal Albert Decourtray. J’étais allé à Lyon pour lui demander d’accepter le Prix de l’A.J.-C.-F. Il refusa. Il me dit :
 « Je ne peux pas accepter ce Prix tant qu’il y aura une grande croix à l’entrée du camp d’Auschwitz ».
Je luis dis naïvement :
 « Monseigneur, vous me faites beaucoup de peine ».
Il me foudroya du regard et me dit, car il me connaissait assez bien :
 « Vous aussi, vous me faites beaucoup de peine ».
Alors, je lui demandai :
 « En quoi vous fais-je de la peine ? Qu’ai-je pu faire qui ait pu vous blesser ? »
 « Oui, vous me faites de la peine, vous ne connaissez pas assez votre religion ».

Et c’est dans la mesure où je ne la connais pas assez, cette religion, que je me crois quand même autorisé, mon Père, à vous remettre ce prix.