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Edmond Fleg, poète juif de la fidélité et de l’espérance

Journée d’étude organisée par Organisée par : Jacqueline Cuche, Danielle Delmaire, Olivier Rota et l’ULIF

Le 20 novembre 2016 à l’ULIF, 24 rue Copernic, 75116 Paris.

Cette journée d’étude du 20 novembre fut une journée « judéo-chrétienne » à plus d’un titre :
Consacrée à l’un des principaux fondateurs de l’AJCF, elle réunissait des intervenants juifs et chrétiens, devant un public également composé de juifs et de chrétiens, et se déroulait à Copernic, où cette communauté juive si accueillante ouvrait largement ses portes à ses amis chrétiens.
Cette journée voulait permettre la redécouverte de celui qui fut, comme l’a si bien désigné Olivier Rota, le « poète juif de la fidélité et de l’espérance ».
Fidélité et espérance, furent en effet les deux thèmes développés au long de la journée, comme l’ont bien montré les conclusions de Danielle Delmaire (dont vous pourrez lire ci-après un résumé).

Fidélité à son judaïsme, celui de ses pères - à la transmission duquel Fleg voua toute son énergie et consacra son immense œuvre littéraire -, mais aussi respect envers la fidélité des chrétiens à leur propre voie. Et espérance partagée avec eux d’un monde meilleur, d’un temps messianique de fraternité et de paix, temps non seulement espéré mais activement attendu, dont Edmond Fleg n’a cessé d’inviter Juifs et Chrétiens à préparer ensemble la venue.
Un sondage mené l’an dernier auprès de nos groupes m’avait révélé l’urgence qu’il y avait à tirer ce grand auteur de l’oubli dans lequel il était en train de sombrer ; aussi mes remerciements vont-ils à Olivier Rota, Danielle Delmaire et Jean-François Bensahel (président de l’ULIF-Copernic), qui dès que je leur fis part de mon intention de faire redécouvrir Edmond Fleg ont aussitôt exprimé leur enthousiasme et soutenu activement ce projet, ne ménageant pas leur peine pour le faire aboutir.

Jacqueline Cuche

Voir l’enregistrement du colloque sur AKADEM

Synthèse de la journée par Danielle Delmaire

Notre journée fut consacrée à deux pôles de la vie d’Edmond Fleg : son implication dans la renaissance spirituelle du judaïsme et, dans le prolongement de sa quête spirituelle, son ouverture au christianisme ; sa production d’écrivain abondante tant romanesque que poétique ou essayiste.

Nadia Malinovich a donné les étapes de son cheminement vers le judaïsme : l’affaire Dreyfus et la rencontre avec Bernard Lazare qui lui fait découvrir le sionisme, puis le compagnonnage avec Péguy auprès duquel il rencontre Jules Isaac. L’aboutissement de ce parcours est une réappropriation de sa judéité et de son judaïsme. Il s’ensuit sa présence très visible dans le réveil juif des années 1920. Tout naturellement, il se montre attentif à la transmission de sa religion et s’implique auprès de la jeunesse juive, en secondant Gamzon dans la création et le développement rapide du mouvement scout juif : les Éclaireurs Israélites de France (les EI). C’est ce que nous ont rappelé Mathias Orjekh et Philippe Haddad, ce dernier insista sur l’apport spirituel de Fleg dans le mouvement de jeunes. Rencontrant Bernard Lazare, Fleg est séduit par le sionisme dès le troisième congrès de Bâle, en 1899, précise Éliézer Schilt. Comme André Spire, il soutient les pionniers qui s’installent en Palestine à la fin du XIXe siècle. Dans les années trente, il revient impressionné d’un voyage en Palestine. Toutefois, la création de l’État d’Israël le trouble car, s’interroge-t-il, quelle est la part du religieux et du politique dans ce nouvel État ?

C’est son attachement à la religion juive qui l’incite à regarder ses voisins chrétiens, surtout catholiques, comme le jésuite Daniélou. La compréhension mutuelle n’est pas spontanée. Daniélou comprend mal l’espérance des juifs qui devrait être, selon lui, caduque avec l’avènement du Christ. Fleg, nous dit Olivier Rota, parvient à le convaincre que les deux peuples vivent dans l’espérance des temps messianiques, à venir pour les juifs, à revenir pour les chrétiens. C’est le juif Fleg qui fait réfléchir le catholique Daniélou sur le sens de l’espérance messianique. Cette espérance, que Charles Coutel nous a présentée, doit être partagée par les deux peuples.

Dans ce partage avec les catholiques rayonne la figure de Péguy. Ce dernier ouvre ses Cahiers de la Quinzaine aux juifs comme Isaac et Fleg qui y publie Shema Israël en 1913. Rémi Guérinel ne manque d’affirmer qu’avec Spire et Benda, il devient l’ambassadeur du judaïsme auprès des catholiques. Quant à Péguy, il devient la figure centrale du cercle de ces intellectuels en quête de spiritualité.

Et que nous reste-t-il de Fleg ? Son œuvre littéraire bien sûr dont nous avons pu écouter des extraits grâce aux lectures de Natacha Garange et dont Freddy Raphaël nous a donné un aperçu en présentant L’enfant prophète, roman plus ou moins autobiographique paru en 1926-1927 et magnifique ode au judaïsme. Les années 1930 furent particulièrement fécondes et on ne peut que partager avec Jean-François Bensahel le vœu de voir rééditer toutes les œuvres d’Edmond Fleg. Ce serait un travail titanesque mais ô combien utile tant les leçons de Fleg peuvent encore être entendues par les juifs du XXIe siècle. Jean-François Bensahel assure que Fleg montre encore à la jeunesse d’aujourd’hui comment être juif.

Danielle Delmaire

Ouverture du colloque par Jacqueline Cuche (présidente de l’AJCF) « Edmond Fleg : un fondateur et un compagnon de route pour aujourd’hui »

 

 

 

 

Nadia Malinovich (Université de Picardie) : « Edmond Fleg dans le réveil juif des années 20 »

 

 

 

Olivier Rota (Université d’Artois) : « Edmond Fleg : controverse judéo-chrétienne et dialogue inter-religieux »

 

 

 

Freddy Raphaël (Université de Strasbourg, émérite) : « L’enfant prophète »

 

 

 

 

Eliezer Schilt (Université du Néguev) : « Edmond Fleg et l’État d’Israël : entre proximité et distance »

 

 

 

 

Lecture d’Edmond Fleg : « Pourquoi je suis juif ? »

 

 

 

Mathias Orjekh (Service histoire du Mémorial de la Shoah) et Philippe Haddad (Rabbin de l’ULIF -Copernic) : « Edmond Fleg et les Éclaireurs Israélites de France »

 

 

 

Rémi Guérinel (association Marcel Jousse) : « Charles Péguy et Edmond Fleg : deux fidélités franches »

 

 

 

Charles Coutel (Université d’Artois, directeur de l’Institut d’Étude des Faits Religieux) : « L’espérance chez Fleg et Péguy »

 

 

 

 

Jean-François Bensahel (Président de l’ULIF-Copernic) : « Ce que nous devons réapprendre d’Edmond Fleg »

 

 

 

 

 

Conclusions du colloque par Danielle Delmaire (Université de Lille 3)