Interdit en France à la suite de la Révocation de l’Edit de Nantes, le Protestantisme français n’a été pleinement reconnu qu’à la Révolution voire sous la IIIème République : les Synodes nationaux ont été interdits entre 1685 et 1872 ! Du coup ce n’est pas à une instance ecclésiastique mais à la Société d’Histoire du Protestantisme Français qu’on doit, en 1866, la proposition d’une fête dite de la Réformation qui aurait été commune à tous les protestants. Sur le modèle des Églises luthériennes qui, célébraient déjà chaque 31 octobre l’affichage par Luther des 95 thèses qui allaient lui valoir les foudres de sa hiérarchie, on proposait aux paroisses réformées de fêter le dernier dimanche d’octobre « les délivrances » d’une Eglise trop longtemps persécutée. Il s’agissait, selon les mots du pasteur Pierre Bourguet, « de se souvenir avec reconnaissance des moyens, des prodigieux moyens, par lesquels Dieu permit que son message biblique triomphât de multiples obstacles » (in Cérémonie et Fêtes chrétiennes, 1942). Cette fête n’a aucun caractère « obligatoire » et sa célébration, parfois très solennelle, dépendra des traditions locales et de la décision des conseils presbytéraux. En règle générale toutefois, outre le rappel des événements liés à la protestation de Luther, on entendra lire les textes fondamentaux des lettres de Paul aux Romains (chapitre 3, versets 20 à 28) et aux Galates (chapitre 5, versets 1 à 6) et chanter le choral de Luther :
Son bras puissant nous tiendra lieu et de fort et d’armure.
L’Ennemi contre nous redouble de courroux, vaine colère !
Que pourrait l’adversaire ? L’Éternel détourne ses coups. »