On peut aussi rattacher ToHOU et BoHOU à des racines hébraïques qui signifient toutes deux « être consterné ». Comme pour signifier que le vide qui a précédé la Création suscite stupéfaction et malaise.
Les commentaires talmudiques du récit de la Genèse mentionnent cependant le tohu et bohu parmi les dix choses créées le premier jour. D’après le traité Haguiga (12a) « ToHOU est le cercle vert qui entoure le monde entier et dont procèdent les ténèbres ; BoHOU désigne les pierres couvertes de limon et enfoncées dans les abîmes d’où surgissent les eaux, car il est dit ; On y étendra le cercle du ToHOU et les pierres du BoHOU " (Isaïe 34, 11).
Le tohu-bohu qui précède l’organisation du monde est obscur dans tous les sens du mot (cf. suite du verset 1) : au commencement étaient les ténèbres, mais aussi le silence. Pour la pensée hébraïque et juive, on part du chaos pour aller vers l’ère messianique, de l’obscurité pour aller vers la lumière (il n’y a donc pas de perfection originelle et de dégradation ultérieure). L’obscurité originelle est déchirée par la Parole (verset 3), tout comme l’obscurantisme est entamé par l’écoute, cette ouverture de l’intelligence.
A.-M. D.