Ancienne Elève de l’Ecole Normale Supérieure, agrégée de grammaire et Docteur ès lettres, Mireille Hadas-Lebel est une spécialiste reconnue du Latin et du Grec. Ayant également une solide formation d’hébraïsante, elle est devenue professeur à l’INALCO, où elle a dirigé le département d’Hébreu jusqu’en 1994. Depuis, elle enseigne à la Sorbonne à Paris où elle occupe la chaire d’histoire des religions. Son cours porte sur l’histoire du judaïsme dans le monde antique et plus particulièrement sur les rapports de l’univers juif avec le monde grec et romain (Philon d’Alexandrie. Flavius Josèphe. Hillel, un sage au temps de Jésus.).
Mireille Hadas-Lebel est vice-présidente de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France.
Cet ouvrage, qui étudie la période qui va de la 1ère rencontre avec Rome en – 161 jusqu’à la 2ème révolte de la Judée contre l’empire romain (135), se situe donc dans la longue durée. L’auteur s’est donné pour but d’examiner les rapports de Rome et des Juifs aussi bien en Judée qu’en diaspora, en privilégiant les sources anciennes. Ainsi chaque chapitre est suivi d’un extrait de texte ancien (Antiquités juives et De bello judaico de Flavius Josèphe, Legatio ad Caium, un extrait de Plutarque, Histoire ecclésiastique d’Eusèbe de Césarée, extrait de Julien l’Apostat.). L’ensemble est agrémenté de bibliographies précises. L’ouvrage semble ainsi s’inscrire dans cette perspective historique et pédagogique qui a été celle de Jules Isaac.
Mireille Hadas-Lebel souligne la montée des tensions locales, par exemple à l’époque où des procurateurs romains gouvernent la Judée au nom des empereurs Claude et Néron. La guerre de Judée, qui commença en 66 et se termina théoriquement en 70, anéantit le pays et transforma la religion : « Les survivants de la catastrophe nationale se regroupèrent dans la plaine côtière de autour de la ville de Yavné (Jamnia) et ne s’occupèrent plus que d’organiser des écoles afin que le judaïsme puisse continuer à vivre sans le Temple. ».
Ainsi, Rome a peut-être écrit, sur l’histoire juive, des pages extrêmement sanglantes. Mireille Hadas-Lebel dit : « Les conséquences de la rencontre de Rome avec les Juifs sont incalculables. Par une ironie de l’histoire en adoptant le christianisme, issu du judaïsme, Rome devait justifier le grief de Sénèque contre les Juifs : Victi victoribus leges dederunt, « les vaincus ont donné leurs lois aux vainqueurs ». Ainsi la rencontre de Rome avec le judaïsme a changé le cours de sa propre histoire. ».