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ELIE ET JONAS, par Philippe Haddad

Prophètes de l’extrême

ULIF, Paris, 2015,
192 p.,10 € + 3,80 € de frais de port
Chèque à l’ordre de Philippe HADDAD
à adresser à : Roseline Derrien
Les Borels, 07460 CASTELIAU

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La violence que décrit la Bible vient-elle souvent de Dieu ou d’hommes trop zélés qui utilisent la violence au nom de Dieu ? L’auteur étudie ce thème d’actualité à partir de la vie d’Élie et de Jonas dont l’intolérance s’exerce différemment.

Face aux prophètes de Baal, Élie obtient l’accord de Dieu, qui agrée son offrande, puis tue les 450 prophètes de Baal, « violence au nom d’une cause qui parait juste aux yeux de l’éthique biblique, mais violence tout de même et donc irrémédiablement suspecte » p. 91. Élie après de nombreuses épreuves, souhaite la mort. Même après le refus de Dieu d’apparaitre dans la violence, mais seulement dans une brise légère, l’intolérance d’Élie se manifeste encore dans ses récriminations (1R 19, 10). Son zèle jaloux lui fait s’attribuer à lui seul le courage et, en revanche, estimer tous les Israélites fautifs. « Élie se situe tout entier du côté de la rigueur de Dieu. Dieu ne supporte pas cette inflexibilité, il met fin à sa mission terrestre » p. 168. Le don de prophétie lui est retiré et attribué à Élisée. (1R 19, 16).

L’intolérance de Jonas se manifeste différemment. Si Élie défend la gloire de Dieu contre Israël fautif, Jonas va défendre Israël contre la miséricorde de Dieu. Jonas refuse, la première fois, d’aller à Ninive car si Ninive se repend, la faute d’Israël apparaitra d’autant plus manifeste qu’il ne s’est pas repenti malgré les nombreux prophètes. Ninive se convertit, et, sa crainte initiale s’étant vérifiée, Jonas souhaite la mort, « Pour autant, le têtu Jonas ne désespère pas de voir Ninive détruite. Il ne croit pas à la conversion sincère des habitants » p. 169 (Jon 4, 5). Soumis au soleil et au vent desséchant qui a détruit le plant de ricin, son abri bienfaisant, Jonas, en colère, souhaite à nouveau la mort. Dieu fait comprendre à son prophète l’absurdité que constitue son regret de la disparition d’un végétal alors qu’il acceptait la mort des cent vingt mille habitants de Ninive. « Le zélé s’identifie tellement à la cause de Dieu qu’il pense pour Dieu, qu’il agit comme s’il était Dieu. Comble de l’idolâtrie !  » p. 103.

Ces deux récits montrent la voie de la patience et de la miséricorde face aux prophètes de la rigueur et de l’intolérance. « Tout se passe comme si Dieu attendait, Lui-même, d’être libéré de nos extrémismes, de nos fanatismes » p. 111.

Un livre passionnant par l’étude des termes hébreux, par les nombreuses interprétations des textes et par les commentaires midrashiques. L’impression du livre a sans doute été un peu rapide car des paragraphes sont dupliqués et les fautes d’orthographe nombreuses.

Bernard Marx