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Palestine

Ce nom désigne (dès le - Ve s., sous la plume d’Hérodote) la région côtière entre le Liban et la mer Rouge que les Philistins, venus de Crète au - XIIIe siècle, avaient envahie. Les livres bibliques de Josué et des Juges relatent les combats que Philistins et Hébreux - arrivant d’Égypte à la même époque - eurent à mener. Le « pays des Philistins » s’appel­lera ensuite pays d’Israël puis, à l’époque hellénistique, Judée. Après l’écrasement de la révolte judéenne de 132-135 contre Rome, la région, interdite aux Juifs, fut dénommée « province de Syrie-Palestine ». Entre Asie et Afrique, occupée au fil des siècles par les Byzantins, les Perses, les Arabes et les Croisés, puis province de l’empire ottoman, elle a de tout temps été une zone stratégique.

Au XIXe s., vivaient en Palestine, dans les mêmes conditions de misère que les autres sujets du sultan de Constantinople, quelques descendants des [Sefarades chassés d’Espagne, ou des Hassidim récem­ ment venus d’Europe orientale. L’immigration juive deviendra plus massive à la suite des pogroms d’Europe orientale. A la fin du siècle, des écoles, des entreprises agricoles, des institutions de secours et de soins ont permis un développement économique et culturel que le sionisme fera prospérer.

Mais au moment où la prise de conscience nationaliste se traduit dans le monde juif par le mouvement sioniste, elle naît aussi dans le monde arabe (Mouvement Jeunes Turcs et mouvement panarabe du roi du Hedjaz). Alors que Juifs et Arabes cohabitaient depuis des siècles (rien de comparable aux persécutions de l’Europe n’a eu lieu en terre d’Islam), leurs relations vont prendre un cours tragique quand l’empire ottoman sera dépecé par les grandes puissances européennes.

En novembre 1917, la Palestine étant sous mandat britannique, la Déclaration Balfour proclame que « le gouvernement de sa Majesté en­ visage favorablement l’établissement en Palestine d’un « Foyer national » pour le peuple juif(...) ». Mais la constitution d’un royaume hachémite est aussi promise aux Arabes . En réaction à la tentative de créer un royaume qui aurait coopéré avec les sionistes, se réunit en 1920 le premier Congrès des Arabes de Palestine.

Dans les années 1930, la Palestine est déchirée entre les incohérences de la politique britannique, la montée des périls pour les Juifs en Europe, le rejet arabe du mode de vie et des théories révolutionnaires des sionistes. L’immigration consécutive au nazisme provoque une série d’émeutes.

Au lendemain de la Shoah, la Grande-Bretagne, ne parvenant pas à résoudre le problème de la Palestine et abandonnant son mandat, re­court à l’Organisation des Nations Unies. L’Assemblée générale ayant voté (29 novembre 1947) pour un partage de la Palestine en deux États - juif et arabe - et l’internationalisation de Jérusalem, les Arabes sont mis devant le fait accompli.

Au moment où les rescapés des camps de la mort affluent, des centaines de milliers de Palestiniens, confiant leur sort aux cinq armées liguées contre « l’entité sioniste », fuient leurs villages. Après l’instauration de l’État d’Israël, les États arabes ne faisant rien pour les intégrer, ils sont regroupés dans la bande côtière de Gaza, en Cisjordanie et en Jordanie, au sud-Liban et en Syrie, et seront pris en charge, dans des camps de fortune, par un organisme spécialement créé par l’O.N.U. C’est dans la misère des zones de réfugiés qu’est née la nation palestinienne. Pour ceux qui y vivent, la frustration devient une idéologie. Différents mouve­ments les représentent, dont le cadre politique commun reste la Charte nationale palestinienne proclamée en mai 1964, qui vise la disparition d’Israël (malgré Camp David et le processus de paix en cours).

Cependant, les Arabes israéliens (fils de la nation arabe et citoyens d’Israël) comme les États arabes qui font la paix avec Israël, démontrent que la solution du problème des réfugiés palestiniens, et aussi l’avenir d’Israël et de la Palestine, passent par la reconnaissance politique et la coopération économique.

A-M D.


Le mot « Palestine » ne se trouve dans aucun livre du Premier ni du Nouveau Testament. Il est pourtant fréquent que les auteurs chrétiens emploient dans les livres de catéchisme ou dans les cartes du pays où se situent les événements bibliques, le mot « Palestine » pour désigner la terre de Canaan, le pays des Hébreux (Gn 40,15) ou le pays d’Israël (Ez 7,2).
Le nom de « Palestine » vient du mot hébreu paleschet qui désigne d’abord la terre des pelishtim ou Philistins : la région de Gaza. Si par la suite il fut employé aussi pour tout le pays occupé par les juifs dans le sud de la Syrie, entre le Jourdain et la Méditerranée, ce furent les peuples voisins qui lui donnèrent cette extension, attestée par Hérodote (Ve siècle avant notre ère) ou par Dion Cassius (début IIIe siècle). Mais simultanément, le mot « Judaea » était familier, lui aussi, aux écrivains grecs et latins. Les monnaies, sous Vespasien, portent le nom « Palestine », mais celles qui commémorent la prise de Jérusalem « Judaea capta ».

Au Ier siècle, les écrivains juifs Philon et Josephe parlaient eux aussi de la « Palestine », sans doute parce qu’ils s’adressaient à des non juifs, mais Jésus et ses disciples avaient conservé les appellations de Judée et de Samarie (Actes 1,8), termes auxquels il convient d’ajouter la Galilée. Ce n’est qu’après la défaite de Bar Kochba en 135 que l’empereur Adrien changea le nom de Jérusalem en Aelia Capitolina, et appela l’ensemble du territoire Syria Palestina, nom qui ne demeura que cinq siècles, car entre la conquête arabe et la première guerre mondiale, des noms divers furent donnés par les occupants. C’est la Société des Nations qui, en 1922, valide le « Mandat de Palestine », situation qui dura jusqu’au partage de la région et à la proposition, par l’ONU en 1947, d’un Etat juif et d’un Etat arabe.

L’emploi abusif du mot Palestine pour les épisodes, les lieux et les personnages bibliques n’est pas seulement un anachronisme. Il révèle la réticence de certains auteurs à utiliser les mots « juifs » et « Israël ». Plus grave, il nie la notion d’enracinement de la Révélation dans un peuple bien précis, celui d’Israël. Et pour les chrétiens, il supprime le rattachement personnel de Jésus à l’histoire du peuple juif. La relation organique entre christianisme et judaïsme s’en trouve anéantie, et l’unité de l’Ecriture du Premier au Nouveau Testament brisée. C’est le retour à la situation antérieure au concile Vatican II.

Quelques lectures :
 Rome, la Judée et les Juifs, Mireille Hadas-Lebel, Picard, 2009
 Histoire universelle des Juifs, Elie Barnavi (dir.), Hachette Littérature, 2002