Armand Abécassis est professeur émérite de philosophie à l’Université Michel de Montaigne à Bordeaux. Il a, entre autres, écrit un ouvrage sur La pensée juive. Dans Rue des Synagogues, qui est paru en 2008 chez Robert Laffont, il évoque son enfance marocaine. Il est enfin le père de la romancière Éliette Abécassis.
Ce livre est l’œuvre d’un partisan convaincu du dialogue entre judaïsme et christianisme : Tous les auteurs des Écritures chrétiennes étaient juifs ; on ne peut donc lire Le Nouveau Testament en ignorant le judaïsme. On peut également mettre en parallèle la pensée juive et la spiritualité issue des Évangiles :
« Nous voudrions aujourd’hui rencontrer en toute fraternité les Chrétiens pour élucider avec eux la question de l’origine, essentielle pour l’homme en général et pour son équilibre psychologique, fondamentale pour les rapports futurs entre ces deux alliances, juives et chrétiennes, contradictoires et complémentaires. N’avons-nous pas le même Père ? N’avons-nous pas aussi la même mère, la communauté d’Israël au temps du Second Temple ? »
De telles questions permettent d’ouvrir le dialogue et d’engager une méditation respectueuse de l’Autre. C’est par là peut-être que l’on arrivera à la construction du Troisième Temple, Celui où viendront prier toutes les Nations.
Le Mot de l’éditeur : Il n’existe pas un seul chapitre des Évangiles qui ne s’appuie sur la tradition orale et écrite juive. Les Chrétiens continuent encore aujourd’hui d’ignorer la Torah. Le temps est arrivé pour eux de remédier à ces ignorances coupables à cause de leurs conséquences historiques. Tous les auteurs des Saintes Écritures chrétiennes - appelées encore Nouveau Testament - étaient juifs, à l’exception de Luc. Quelles que soient les modifications postérieures de leurs écrits, apportées par les communautés chrétiennes, il est normal de penser qu’ils étaient nourris de la tradition juive authentique. Peut-on, dès lors, comprendre leur enseignement en ignorant le Judaïsme ? En vérité, je vous le dis, le temps du dialogue fraternel et sans complaisance est là, au seuil du troisième millénaire. Si le Jubilé signifie, dans la Torah, l’année de la libération, libérons-nous d’abord, Juifs et Chrétiens, de nos ignorances réciproques. Mettons-nous à l’étude de toute la présence juive dans la spiritualité évangélique afin de mieux définir le rôle de l’Église dans le monde et dans le siècle qui s’ouvre bientôt.