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Alexandre Adler : Une affaire de famille. Jean XXIII, les juifs et les chrétiens

Dans ce petit livre, Alexandre Adler évoque le témoignage de sa grand-mère, Marie Bauer : il écrit ainsi une partie de sa propre histoire familiale mêlée à celle de Jean XXIII, au travers des relations Juifs Chrétiens. Un ouvrage original parmi les parutions commémorant Jean XXIII et Jean Paul II à l’occasion de leur canonisation.

Une recension de Paule Marx pour l’AJCF

Editions du Cerf 2014, 136 p, 15 €.

Dans ce petit livre, Alexandre Adler évoque le témoignage de sa grand-mère, Marie Bauer : il écrit ainsi une partie de sa propre histoire familiale mêlée à celle de Jean XXIII, au travers des relations Juifs Chrétiens. Un ouvrage original parmi les parutions commémorant Jean XXIII et Jean Paul II à l’occasion de leur canonisation.

En une dizaine de pages l’auteur retrace à grands traits la vie de cette grand-mère, née en Russie, qui vit d’abord en Allemagne, puis suit son mari à Istanbul. Marie Bauer encore jeune devient veuve en 1934, elle prend alors la direction de la section turque de la WIZO (Women’s International Zionist Organisation) et travaille au sauvetage des Juifs qui affluent à Istanbul pendant la guerre. C’est dans ce cadre qu’elle rencontre le délégué apostolique de Turquie, Mgr Angelo Roncalli, et Chaïm Barlas, délégué de l’Agence juive, qui lui apportent une aide efficace.

Alexandre Adler décrit ensuite le parcours d’Angelo Roncalli qui arrive en 1925 en Bulgarie comme visiteur apostolique et qui découvre une situation politique et religieuse particulièrement complexe, un territoire en quête d’indépendance avec une majorité d’Orthodoxes et une minorité d’Uniates. Mgr Roncalli invente alors un œcuménisme de proximité, selon l’expression de l’auteur p. 62, qui apporte quelque apaisement des tensions. En 1935, c’est avec le titre de délégué apostolique qu’il s’installe en Turquie, pays laïc intransigeant vis-à-vis des minorités, où il se consacre aux nombreux réfugiés juifs d’Europe. Puis, avant de revenir en Italie, à Venise, en 1953, c’est pour lui l’expérience française. Il est alors de nonce apostolique chargé de négocier les destitutions et nominations d’évêques de l’après-guerre, et de faire face aux vifs débats religieux et politiques de cette époque très riche mais agitée.

Alexandre Adler retient de Mgr Roncalli son application à défendre les pauvres, véritable fil rouge de toute son action, et souligne son indépendance d’esprit pour aborder des situations très complexes et toutes différentes. Il est facile de comprendre qu’il décrit cette période riche d’expériences, comme prémonitoire de son action en tant que pape. C’est pourquoi il rappelle les positions face au nazisme de Pie XI et de Pie XII, ses prédécesseurs, puis de Paul VI et de Jean-Paul II, ses successeurs afin de mieux souligner l’importance des intuitions de Jean XXIII qui, après sa mort, seront traduites dans les textes du concile Vatican II.

Dans son dernier chapitre, Kadosh, la sainteté, l’auteur s’explique sur la sainteté reconnue à Jean XXIII par les Catholiques. Le mot Kadosh en hébreu « renvoie à la capacité qu’a l’homme de s’unifier au-dedans de lui et d’unifier le monde autour de lui, afin de pouvoir s’adresser à Dieu en toute intégrité », ce qui lui permet d’exposer la théologie qui habite toute l’action de ce pape.

Alexandre Adler n’écrit pas une biographie complète de Jean XXIII, mais, en liant son histoire familiale à celle du pape, il éclaire utilement une facette souvent moins valorisée de l’action de ce dernier et il rend abordable une histoire religieuse et politique complexe.