Accueil > Documentation > Judaïsme et christianisme > Glossaire > les mots du Glossaire > Talmud

Talmud

Étymologiquement « enseignement, étude »· Désigne l’ensemble des discussions et des interprétations (interprétation, règles, usages) concernant la Torah consignés dans l’œuvre la plus influente du Ju­daïsme avec la Bible.

La tradition orale d’Israël s’est transmise de génération en génération, selon deux méthodes : le Midrach (fondé sur l’exégèse directe du texte biblique), et la Michna, enseignement oral qui s’inculque par voie de répétitions et qui ne se réfère pas explicitement au texte biblique.

Sous peine de le voir oublier ou fausser, il est apparu nécessaire de transcrire cet enseignement oral, dès l’époque d’Ezra et Néhémie (mi­ lieu du Ve siècle avant notre ère). Compte tenu de l’abondance des dis­cussions et des décisions transmises, il a fallu les rassembler et les co­difier. Rabbi Akiva a été le premier à tenter d’ordonner ces enseignements (début du 11e siècle de notre ère).

Le Talmud de Babylone a été imprimé en 1520 avec les commentaires de Rachi* (XIe siècle) et des Tossafot, selon une mise en pages qui sera reprise par toutes les éditions ultérieures. Le Talmud complet (Michna + Guemara + commentaires) comprend quelque 6 000 pages.

L’une des originalités du Talmud est d’être un livre vivant, construit sur un système de questions-réponses. C’est un compte-rendu d’une sorte de table ronde à laquelle des centaines de savants auraient participé durant des siècles. Ce travail collectif donne à l’ensemble une impres­sion d’unité malgré la diversité des opinions exprimées dans les discus­sions portant aussi bien sur des questions juridiques, sociales, poli­tiques, économiques, psychologiques, que spirituelles : dans la mesure du possible, l’énoncé qui a obtenu le consensus est exprimé. Outre la halakha qui occupe la plus grande place, le Talmud expose une autre approche de la Torah : c’est la agadah, faite de légendes, de para­boles, d’attendus de jugement, de règles pratiques, d’histoires homilé­tiques et où se mêlent interprétations historiques et discours édifiants.

Les débats - parfois chargés d’humour - n’avaient pas pour but de fixer une doctrine ni de donner des conclusions. Selon des règles précises d’interprétation de l’Écriture , maîtres et disciples cherchaient les prin­cipes des règles de comportement conformes à la Torah. Ils tentaient de résoudre des problèmes posés par les prescriptions bibliques, d’analy­ser les concepts juridiques et rituels à la base des lois traditionnelles, d’exposer les difficultés et les contradictions. Pour cela, ils ont mis en œuvre une logique rigoureuse et une dialectique affinée (qui n’apparais­sent pourtant pas à première lecture à notre esprit cartésien, tant le texte talmudique semble être construit sur des associations d’idées).
Ce foisonnement et cette richesse de la pensée aident à comprendre pourquoi l’on parle traditionnellement de « l’océan du Talmud ».

Objets d’un ostracisme violent de la part de l’Église, les volumes du Tal­mud ont maintes fois été brûlés sur les places publiques en pays de Chrétienté.

A.-M. D.