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Négationnisme

Même s’ils ne forment que des groupuscules plus ou moins marginalisés, l’impact des négationnistes risque de ne pas être négligeable sur un public qui, de prime abord, accepte l’idée qu’il est « légitime » de discuter du génocide et que plusieurs thèses peuvent être défendues, qui auraient une égale valeur scientifique.
Quels dangers représente le négationnisme ?

Il désigne l’attitude de ceux qui nient la réalité de la Shoa, de l’extermination dans les chambres à gaz nazies des Juifs, des Tsiganes et des membres des peuples que le régime nazi considérait comme racialement inférieurs. Les négationnistes ont aussi été appelés « révisionnistes » parce qu’ils opéraient une révision de l’Histoire. Mais ce dernier terme apparaît inadéquat à l’analyse, car les négationnistes ne font pas œuvre d’historiens, mais d’idéologues, tendant à imposer à l’Histoire leur lecture idéologique. Ils connaissent d’avance les conclusions auxquelles ils veulent faire aboutir leurs démonstrations, et choisissent leurs « preuves » en fonction de cet objectif. Le danger de ce discours politique est qu’il peut induire en erreur ceux qui n’ont pas vécu cette époque et qui ne sont pas eux-mêmes historiens.

Le raisonnement des négationnistes est simple. Si les chambres à gaz n’ont pas existé, il n’y a pas eu de génocide. La « Solution finale » n’a donc été que l’expulsion – vers l’Est – des Juifs d’Europe, un refoulement en direction de leurs pays d’origine. S’il y a eu – on était en guerre – des victimes juives, les pertes totales de cette population ont été très exagérées et n’ont rien à voir avec une prétendue politique d’extermination. Elles sont autant la conséquence des épidémies – en particulier du typhus – que des destructions de l’aviation alliée.

L’Allemagne hitlérienne ne porte pas, en tous cas, la responsabilité majeure de la Seconde Guerre Mondiale, si même elle en porte une. La guerre a été voulue par les Juifs eux-mêmes, et l’ennemi principal du genre humain pendant les décennies trente et quarante a été l’URSS de Staline, lui-même d’ailleurs instrument du complot judéo-bolchevique. Quant à la notion de « génocide », elle est une invention juive, en particulier sioniste, et a une fonction instrumentale : obtenir de la communauté internationale des avantages non justifiés – l’État d’Israël d’abord, aux dépens des Palestiniens ; les « réparations », ensuite, aux dépens du peuple allemand, injustement accusé.

Telle est l’Histoire reconstruite par les négationnistes. Leur méthode, telle que la résume Pierre Vidal-Naquet dans Un Eichmann de papier (Esprit, 1980, n°9), repris dans Les assassins de la mémoire (La Découverte, 1987), est fondée sur un certain nombre de principes. Il s’agit, d’une part, de contester les témoignages directs et les documents, s’ils émanent de Juifs ou vont dans le sens de l’affirmation du génocide ; d’autre part, d’accepter sans critique tout document qui va dans le sens contraire. Sont particulièrement mises en relief les « contradictions » entre les témoignages, signe pour les négationnistes, non pas de la fragilité de la mémoire humaine mais de l’irrecevabilité des témoignages eux-mêmes, dans leur globalité. Enfin, tout un arsenal pseudo-technique est mobilisé pour montrer l’impossibilité, logique ou matérielle, du génocide et – tout particulièrement à partir d’arguments « chimiques » - de l’impossibilité du gazage de masse.

La finalité d’une telle démarche n’est pas, quoi qu’en disent les négationnistes, la vérité historique, mais une vérité politique qui conjugue nationalisme néo-nazi et anticommuniste, mais aussi antisémite et antisionisme. « Il s’agit de priver, idéologiquement, une communauté de ce qui représente sa mémoire historique » ; c’est une tentative d’extermination sur le papier qui relaie l’extermination réelle » (P. Vidal-Naquet).

Quelques lectures :
 Les assassins de la mémoire, Pierre Vidal-Naquet, La Découverte, 1987
 Histoire du négationnisme en France, Valérie Igounet, Le Seuil, 2000