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Raniero Fontana : André Néher, le penseur et le passeur

Une recension de Florence Taubmann pour l’AJCF

En huit chapitres très denses, Raniero Fontana nous initie à l’oeuvre d’André Neher, en soulignant sa dimension radicalement existentialiste, ce qui lui permet d’assumer tous les paradoxes de sa condition de penseur juif du XXème siècle.

192 pages, Editions Elkana Jérusalem, 5 juin 2014, 17€

En huit chapitres très denses, Raniero Fontana nous initie à l’œuvre d’André Neher, en soulignant sa dimension radicalement existentialiste, ce qui lui permet d’assumer tous les paradoxes de sa condition de penseur juif du XXème siècle.

Il commence en présentant la méthode exégétique de Neher qui, très informée des apports des sciences bibliques, n’en demeure pas moins midrachique, héritière revendiquée de la tradition juive s’ouvrant sur l’interprétation philosophique.

Le second chapitre se penche sur l’énigme de Qohelet, dont Neher explore les niveaux de sagesse, parvenant finalement à la crainte de Dieu comme ultime réponse à la tentation de l’absurde et du néant.

Le troisième chapitre « De la Bible aux rabbins » insiste sur le rôle central de la « continuité » dans la pensée de Neher, continuité de la tradition et de l’existence d’Israël, en dépit de toutes les ruptures de son histoire, et en opposition à la discontinuité voulue par le christianisme par rapport à la tradition qui l’a vue naître.

Le quatrième chapitre, consacré au Maharal, témoigne des affinités de Neher avec le maître de Prague, sur fond d’un humanisme né de la tension entre l’ancien et le nouveau, la sagesse et la prophétie, la condition juive et la condition humaine, l’amour et la crainte de Dieu.

Dans « Science et conscience » l’exemple du Rabbin David Gans, disciple du Maharal, qui a fait l’objet d’une étude de Neher, illustre la possibilité de dépasser le dualisme entre vérité biblique et vérité scientifique en assumant la double exigence de la torah et de la connaissance profane de même que la double exigence du judaïsme et de l’humanisme.

La question « Qui est juif ? » est posée dans le 6ème chapitre à partir des réponses données à Ben Gourion par les Sages d’Israël interrogés en 1958, l’enjeu étant la relation entre le peuple, l’Etat et la religion, mais aussi entre Israël et la diaspora. Et les deux derniers chapitres traitent de la terre d’Israël et de la cité d’Israël, thèmes ô combien délicats, car il s’agit à la fois d’affirmer la centralité biblique de la terre, la nécessité historique de l’Etat, et le caractère d’inachèvement de la réalité politique au regard du projet messianique porté par la tradition, le choix de la démocratie ne devant jamais, ni s’affaiblir sous le poids du dogmatisme religieux, ni s’affirmer aux dépends de la vocation éthique et spirituelle du peuple juif sur sa terre.

Préfacé par l’historien Alain Michel, complété par trois textes inédits d’André Neher et une introduction historique de son épouse, le livre de Raniero Fontana est riche de thèmes qui restent d’une brûlante actualité et qui pourraient nourrir de manière féconde les travaux de groupes d’amitié judéo-chrétienne.

Florence Taubmann

Raniero Fontana est docteur en théologie, chercheur à l’Institut Hartmann de Jérusalem, titulaire d’une maîtrise en philosophie et en en littérature rabbinique (Université Hébraïque de Jérusalem)
Il enseigne à l’Institut Albert-Decourtray (Talmud, Tradition juive et Nouveau Testament, Commentaires médiévaux de l’Écriture)

En complément : la présentation du livre par l’éditeur et bon de commande

Raniero Fontana : André Néher, le penseur et le passeur

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