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Salut et rédemption

L’espérance du salut et de la rédemption repose sur deux prémisses : notre statut de créature (limitée et mortelle) et le monde tel qu’il est (déchiré par la violence). Espérance dont une expression majeure dans le Judaïsme sera le messianisme.

Il faut cependant noter la tendance, chez certains penseurs (dont Maïmonide), à refuser cette espérance, perçue comme intéressée ; pour ces mystiques, seul compte le service divin par pur amour de D. et de Sa volonté, sans attendre rien en retour : Moïse est le modèle de ce désintéressement.

a) Le salut - du latin « salus », santé, conservation de la vie ; en hébreu : IaShA, mise au large, dégagement de l’oppression, élargissement - est, dans la pensée juive, un processus de réparation de l’âme et de l’uni­ vers dans lequel D. et l’homme sont associés.

D. a donné à l’homme tout ce qu’il lui faut pour assumer son statut de créature et travailler à faire de la création le royaume de D. La mitzva - jonction de la volonté divine et de l’activité humaine - est le moyen de réparer le monde comme de permettre à l’homme de cheminer vers sa libération. L’Alliance du Créateur et de l’humain est possible parce que le monde a été créé bon, mais inachevé ; la vocation de l’homme est de le faire parvenir à la plénitude.

Le Juif n’attend pas d’être sauvé du péché (s’il y a un premier péché dans l’histoire des hommes, il n’y a pas de péché originel et indélébile), mais de la souffrance de l’exil - exil physique, géographique, qui renvoie, selon les Kabbalistes, à notre exil métaphysique de la Source de toute chose.

b) La rédemption - du latin « redemptio » - est le rachat, moyennant finances, d’une charge publique.
En hébreu, deux mots évoquent l’idée de rachat d’une personne ou d’une chose (PaDaH et GaAL), qui appartiennent au langage juridique. Le premier désigne une amende infligée à la place d’une peine corpo­relle, un dédommagement pécuniaire. Transposé sur le mode religieux, il désigne aussi l’offrande au Temple pour le rachat d’un premier-né. Le second se réfère au droit de préemption obligatoire (rachat par un proche parent d’un bien de famille qui a dû être vendu), ou au devoir (pour un proche parent) de venger la vie ou l’honneur de quelqu’un.

Par analogie, l’expression sera appliquée à D. dont il est dit qu’il a « racheté » Son peuple, qu’il Se l’est acquis - essentiellement en le faisant sortir de l’esclavage d’Égypte : cessant d’appartenir comme esclave à l’Égypte, Israël appartient à D., et passe de la servitude au Service divin. Durant l’exil de Babylone, l’analogie du rachat est encore employée pour désigner la délivrance.

Littéralement parlant, il n’y a pas de « rédemption des péchés » en hé­breu, mais une « couverture des fautes » ([KaPaRat H’aTaïm) qui donne à l’homme qui se repent la possibilité de repartir dans la bonne direction (voir Pénitence).

Dans le Tanakh, le rachat opéré par D. (Moïse n’est jamais présenté comme rédempteur) a un caractère collectif. Le salut de l’âme et la rédemption individuelle ne sont pas un but, pas plus que le bonheur terrestre ou la béatitude céleste : l’homme ne peut se prendre lui-même pour finalité.

A.-M. D.