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Sagesse

Les quatre premiers versets du livre des Proverbes ne donnent pas moins de dix synonymes en hébreu pour désigner la sagesse.

Aptitude humaine, acquise par l’expérience ou l’éducation, elle est avant tout pour la pensée biblique une sagesse pratique - telle celle de l’arti­san expérimenté, de l’homme qui a beaucoup vécu, ou de celui qui a beaucoup étudié. Art de réussir dans la vie fait de bon sens et de pru­dence, méthode de progrès moral animée par l’amour révérentiel pour D., elle n’oppose pas la foi et la connaissance, l’expérience du monde et l’expérience de D., mais en définit les domaines.

« Et je n’ai pas pénétré dans des choses trop grandes et trop obscures pour moi » (Ps. 131, 1) ; « Ne cherche pas trop de sagesse ; pourquoi veux-tu t’anéantir ? » (Eccl. VII, 16) ; « Que le sage ne se glorifie pas de sa sagesse, que le héros ne se glorifie pas de son héroïsme, que le riche ne se glorifie pas de sa richesse ! Que celui qui se glorifie se glori­fie uniquement de ceci : de l’intelligence et de la connaissance qu’on a de moi, l’Éternel : J’exerce la bonté, le droit et la justice sur terre » (Jr. IX , 22-23) ; « N’étudie pas ce qui est trop obscur pour toi et ne scrute pas ce qui est trop enveloppé pour toi ; étudie ce qu’il t’est permis de connaître et ne t’occupe pas de ce qui est caché » ( Talmud de Babylone , traité Haguiga 13a) : autant de sentences qui mettent en garde contre les fausses imaginations et une quête échevelée de ce qui nous échappe. Le vrai sage est celui qui connaît les limites de sa faculté de connaître et qui, comme Salomon, demande à D. de lui donner l’en­ tendement (1 R. 111, 9) .

Attribut divin, la sagesse de D., source de la sagesse humaine, coïncide dans la pensée biblique et rabbinique avec la Torah et, dans la pensée juive hellénistique, avec l’esprit de D. ou avec le logos. L’évolution de l’une à l’autre transparaît dans la littérature sapientelle qui suit les textes prophétiques du canon biblique juif (cf . Tanakh . Le Siracide et la Sagesse de Salomon (- IIe et Ier siècles - canon catholique) présentent la sagesse comme une personnification poétique. L’enseignement de sagesse, répandu depuis !’Antiquité dans tout le Moyen-Orient (comme en témoignent les textes égyptiens ou mésopotamiens qui nous sont par­venus), reformulé par la pensée grecque, a pénétré dans la pensée juive jusqu’à nos jours. La philo-sophia (amour de la sagesse) et l’amour de la Torah ont des voies différentes et complémentaires.

Les Sages de l’époque rabbinique sont ainsi appelés parce qu’ils ont in­carné, dans leur quête du sens de l’Écriture (cf. Talmud) , l’équilibre entre la fidélité agissante et la foi raisonnée.

A.-M. D.