Cette année, Pâques arrive très tôt dans notre calendrier. Principal coupable : la tradition. En 325, lors du concile de Nicée, la date de la fête a été fixée au premier dimanche qui suit la première pleine lune de printemps. Sous nos latitudes, la tradition religieuse, elle, est en train de s’estomper. Pour beaucoup, Pâques est avant tout une période de départ en vacances vers le Sud, de week-end prolongé dans une métropole. Le sens premier, à savoir la commémoration de la résurrection de Jésus-Christ le troisième jour après sa crucifixion, passe au second plan. Pas assez spectaculaire.
Les fidèles des temples et des églises se font de plus en plus rares pour les célébrations pascales. « nos fêtes possèdent des racines chrétiennes, mais de plus en plus les gens ne savent plus à quoi les rattacher », observe Francine Carillo, pasteure protestante de la paroisse de Saint-Gervais-Pâquis. Pour Bernard Fasel, prêtre à Onex-Petit-Lancy, il faudrait retrouver le sens de Pâques : « Il s’agit de la fête de la vie. Les lapins et les oeufs sont certes des symboles de fertilité et de vie, mais ils sont malheureusement devenus des objets commerciaux. »
Au centre de la foi chrétienne, Pâques est paradoxalement moins fêté que Noël au sein des Eglises protestantes et catholiques. « C’est une fête moins spectaculaire. Or, nous vivons dans une société qui recherche le spectacle et la mise en scène », analyse Francine Carillo. Alors que Pâques se meurt dans les grandes Eglises, la tradition reste bien vivante parmi les petites communautés à Genève.
Chez les orthodoxes, Pâques demeure la fête centrale, plus importante que Noël, à laquelle participent de nombreux fidèles. « C’est vrai qu’en Occident, Pâques est devenu un peu une sorte de fête de printemps, des oeufs et des lapins. Mais pour nos fidèles, il demeure essentiel de venir célébrer la nuit pascale », observe le père Jean Renneteau. Entre 800 et 1000 personnes se rendent tous les ans au Centre oecuménique orthodoxe de Chambésy pour célébrer la résurrection. « l y a plus de personnes qu’à Noël. Nous côtoyons des fidèles que nous n’avons pas l’habitude de rencontrer. ». Cette année (NB : l’article source n’a pas de mention de l’année), les orthodoxes célébreront Pâques pendant la semaine du 20 au 27 avril. Les Eglises d’Orient suivent en effet le calendrier julien, qui diffère de celui des protestants et des catholiques.
Pâques est également célébré dans la religion juive. Mais son sens diffère complètement. La Pâque juive, « Pessa’h », commémore l’exode des juifs d’Egypte il y a 3500 ans. Comme chez les orthodoxes de Genève, la communauté israélite ne ressent pas de désaffection pour la fête. « Généralement, les deux premières soirées sont très fréquentées, quel que soit le degré de croyance des fidèles », observe le grand rabbin Izhak Dayan. La fête reste peut-être plus ancrée dans l’identité de ces petites communautés.
Francine Carillo, pasteure
« Pour les protestants, Pâques est une fête liée au témoignage biblique. C’est avant tout la victoire de la vie sur la mort. Il faut bien sûr réinterpréter les textes anciens à la lumière d’aujourd’hui. La résurrection est un acte de foi, une promesse de vie. Le témoignage de Jésus-Christ, fils de Dieu, ne peut pas être défait par la mort.
Cela signifie que dans un monde tragique, quelque chose résiste. C’est un formidable message pour les opprimés. Au bout de la souffrance, il y a une promesse de vie. ».
Bernard Fasel, abbé
« Pour les catholiques, c’est la fête de la naissance à la vie du Christ après la mort. Pâques est au centre des Eglises chrétiennes. Sans Vendredi-Saint et jour de Pâques, il n’y aurait pas de vie chrétienne. Pâques est une fête plus mystérieuse que Noël. Elle est également plus dure à interpréter pour les gens. Je souhaite que nos contemporains retrouvent la signification de Pâques, qui est malheureusement en train de s’étioler. Il faut redécouvrir le sens que Pâques qui est la fête de la Vie avec un V majuscule. ».
Jean Renneteau, père orthodoxe
« Pour nous, Pâques, c’est le cœur de la vie de notre Eglise. C’est la fête principale qui structure toute notre année liturgique. Son sens profond, c’est le mystère chrétien. Sans résurrection du Christ, il n’y a pas de christianisme. Pâques est plus important que Noël. C’est le don absolu du fils de Dieu, qui a fait cadeau de sa vie. Cet acte libère tous les hommes. Chez nous, Pâques doit être fêté après la Pâque juive. Venir à la nuit de Pâques, c’est essentiel, même pour ceux qui ne sont pas très pratiquants. » ».
Izhak Dayan, grand rabbin
« A travers la Pâque, nous célébrons non seulement notre libération, mais aussi celle de tous les hommes. Une liberté qui ne signifie toutefois pas l’anarchie, mais la soumission à Dieu. La fête, qui se déroulera cette année du 19 au soir au 27 avril, est une occasion de rencontres et de dialogues entre les générations. Nous mangeons du pain azyme, sans levain, qui n’a pas eu le temps de fermenter. Cette nourriture symbolise la sortie précipitée d’Egypte du peuple juif en marche vers son indépendance. Le récit de cette fuite est également raconté. ».
Source : site web www.protestanet.be, Portail du protestantisme belge francophone