Quelques repères
Il est né à Budapest le 18 juillet 1912 dans une famille juive assimilée qui subira de plein fouet la tourmente de la Shoah et de la Deuxième Guerre mondiale. Sa mère fut déportée et exterminée dans un camp, son frère, engagé dans les combats de la guerre, fut tué en 1943.
Avant la guerre, il étudie et pratique l’architecture. En même temps, après la lecture attentive des Évangiles, au début des années 30, il est attiré par le christianisme. Il est baptisé le 26 avril 1934 dans la chapelle de Notre-Dame de Sion de Budapest, confirmé le 19 avril 1937. Le 19 septembre de la même année, il quitte la Hongrie pour rejoindre Louvain, en Belgique, et la Congrégation des Pères de Notre-Dame de Sion. Il reçoit pendant sept ans une solide formation théologique à Louvain, dispensée par les Pères jésuites. Il prononce ses vœux perpétuels le 15 septembre 1942 et est ordonné prêtre le 21 mai 1944 ; il est licencié en théologie en 1945. Pendant toute la guerre, il se dépense sans compter pour cacher et sauver des vies juives en Belgique, notamment sur Anvers et Bruxelles. Brillant élève, il obtient une dispense afin de participer au chapitre de la Congrégation Notre-Dame de Sion qui se réunit après-guerre.
De 1947 à 1957, il réalisa l’œuvre de sa vie en dirigeant les Cahiers sioniens . La bibliographie ci-dessous en laissera deviner toute la richesse, par les thèmes abordés, préparant ainsi le renouvellement du dialogue judéo-chrétien une décennie plus tard, avec le Concile Vatican II (1962-1965) et la déclaration Nostra Aetate § 4(28 octobre 1965).
De multiples épreuves vont amener Paul Démann à quitter la Congrégation Notre-Dame de Sion en mars 1963. La plus lourde de ces épreuves aura été le décès accidentel de Renée Bloch, sa plus proche collaboratrice aux Cahiers sioniens, le 27 juillet 1955. D’autres événements vont mobiliser toute son énergie, à partir de 1956 : tout d’abord, l’insurrection hongroise, qui va le voir se dépenser sans compter pour aider sur Paris ses anciens compatriotes ; puis l’expulsion des juifs d’Egypte par Nasser en 1957 – là encore, il se montrera d’une grande générosité.
Il faudra attendre le chapitre général de 1970 pour que les Pères de Notre-Dame de Sion intègrent a posteriori les implications théologiques et apostoliques d’un « enseignement de l’estime » si cher à Jules Isaac, et que Paul Démann a si vigoureusement défendu pendant deux décennies.