La providence divine n’est pas seulement la prescience, mais la volonté de D. ajoutée à Sa science. Elle concerne tout ce qui existe, y compris les actes libres de l’homme. Elle n’est donc pas antagoniste de la responsabilité humaine : c’est l’exercice-même de cette responsabilité qui accomplit la providence divine.
Selon une sentence talmudique, « tout est entre les mains de D., sauf la crainte de D. » (Traité Berakhot 33b) ou, en d’autres termes « tout est prédestiné, mais l’homme est libre d’agir » (Pirké Avot 3, 19). Autrement dit : l’individu contribue à l’orientation de son destin, bien que celui-ci soit pensé par D.
Traduit en hébreu par HaCHGaHa (« surveillance »), ce terme n’apparaît pas tel quel dans le TaNaKh. On y trouve cependant le verbe (de la racine Ch G H) qui signifie « regarder attentivement ». La racine PK D peut également se rapprocher de la notion de providence, en ce qu’elle donne l’idée de « sanctionner », au double sens français d’entériner et punir. Ainsi D. « se souvient de Sara » (pour accomplir Sa promesse), et « examine les habitants de l’Égypte » (pour les punir - Jer. XLIV, 13).
Dans le Pentateuque, l’histoire de Joseph est l’une des manifestations les plus typiques de la Providence, car elle montre que tout sert à D. pour conduire les destinées de l’univers : « Vous aviez médité contre moi le mal. D. l’a pensé en bien, afin que vive aujourd’hui un peuple nombreux » (Gn L, 20). C’est pourquoi Joseph fait figure de sauveur prédestiné et (selon la typologie juive) de figure messianique.
A.-M. D.