Publié avec l’autorisation de l’auteur et du site Massorti.com où ce texte est paru en premier.
Éternel questionnement sur ce qu’est être juif. Une race ? Une religion ? Peuple ?
La réponse n’est claire que pour les pires racistes et encore !
Écartons d’emblée les définitions qui donnent l’illusion de la clarté pour ne plus avoir à en reparler.
Une race ?
Être juif n’est pas appartenir à une “race”. Bien sûr voilà un mot que le nazisme a rendu tabou, mais l’historien Léon Poliakov a dû constater que la notion de “race sémitique” s’est infiltrée dans les esprits au point de devenir une vérité éternelle, admise même par ceux des Juifs qui parlent d’eux comme de “Sémites”. Le panneau qui accueille les visiteurs au Musée de la Diaspora de Tel Aviv montre les types physiques les plus variés. Dois-je rappeler que le terme de “sémitique” a été inventé à la fin du XVIIIème siècle pour désigner une famille de langues et seulement de langues ? La notion de “race” s’y est ajoutée par la suite sans fondement scientifique.
Une religion ?
Le judaïsme est-il une religion ? C’est la définition la plus attendue. Or si l’on définit une religion par des dogmes, force est de constater que le judaïsme en a singulièrement peu ; il impose non tant des croyances que des pratiques (mitsvoth) qui en font un mode de vie. Tel est d’ailleurs le sens originel du mot grec ioudaismos apparu pour la première fois au premier siècle av . en opposition avec hellenismos et non avec une autre religion. Ce judaïsme a d’ailleurs évolué avec le temps. Affirmer un judaïsme “intégral” transmis sans modification de génération en génération depuis le Sinaï, c’est faire montre d’une totale méconnaissance de l’histoire et exclure la plupart des formes de judaïsme existant de nos jours.
Peuple ?
Le terme de “peuple juif” utilisé pour rendre ‘am Israël peut quant à lui prêter à confusion. Avant la Révolution, on parlait de “nations juives” allemande ou portugaise en France et cela n’a évidemment rien à voir avec notre définition de la nation. La notion de « peuple juif » renvoie certes à une collectivité qui a existé en tant que peuple dans l’histoire mais de nos jours , quand elle est employée, elle se réfère plutôt aux adeptes d’un mode de vie, d’une culture, culture elle-même centrée sur une religion mais connue et appliquée à des degrés fort divers ; en fait le judaïsme ne peut se définir par un seul aspect ni ethnique, ni religieux, ni par la notion de peuple au sens habituel du terme, mais par quelque chose qui englobe ces divers aspects et les dépasse tout à la fois.