Éditorial de Jean-Dominique Durand, président de l’AJCF
La fête de Simhat Torah 2023 reste pour toujours pour les juifs, un jour de deuil, le jour où les abominations de la Shoah sont revenues, cette fois sur la terre même d’Israël. 1188 morts, hommes, femmes, enfants, vieillards, massacrés après avoir subi des tortures, les femmes violées et éventrées. 251 otages razziés, enfermés dans des souterrains, torturés, affamés.
Simhat Torah 2025 a pu être une vraie fête, la fête de la joie de la Torah, avec la libération au bout de 738 jours de captivité dans des conditions abominables, des derniers otages.
Une fête, oui, mais ternie par le souvenir de ceux qui ne sont pas revenus vivants : 103 otages ont trouvé la mort dans les tunnels du Hamas à Gaza, certains des suites des mauvais traitements subis, d’autres froidement assassinés comme les enfants Bibas, Ariel 4 ans et Kfir 9 mois.
Et puis nous savons que la libération des otages ne signifie pas la paix. Le chemin sera encore long et difficile. Le Hamas ne désarme pas, et surtout, reste son idéologie mortifère. La paix ne l’intéresse pas. Il veut détruire l’État d’Israël et sur le modèle hitlérien, détruire le peuple juif, au mépris de toute vie humaine, y compris de la vie des Palestiniens. Reprenant pied dans la zone évacuée par l’armée israélienne, il a aussitôt repris ses exactions à l’encontre des Gazaouis, assassinats de personnes qualifiées de « collaborateurs » d’Israël.
Nous n’en sommes pas moins dans la joie immense de la libération des derniers captifs, et dans la joie du cessez-le-feu, qui ouvrent de nouvelles perspectives, avec l’espérance d’un futur de paix pour les Israéliens et pour les Palestiniens malgré toutes les difficultés que nous pressentons. Nous sommes dans l’espérance de cette paix si rêvée, si nécessaire.
Le prophète Isaïe lance cet appel : « Consolez, consolez mon peuple » (Is 40, 1). Cette idée de consolation imprègne, depuis le retour des captifs de Babylone, l’histoire du judaïsme et les mentalités juives : alors que les otages et leurs familles ont besoin de tant de consolation, c’est la mission de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France, de consoler les juifs, de leur apporter le réconfort, alors qu’ils se sentent abandonnés face à une violence antisémite inouïe. Nous saluons aussi l’action de la petite communauté catholique de Gaza qui, depuis le début du conflit, ne cesse de consoler les civils palestiniens qui ont eux aussi besoin de consolation. La question pour ces derniers comme pour Israël, reste l’élimination du Hamas, l’éradication du terrorisme, et la construction d’un destin commun nouveau.
C’est l’espérance d’une paix réelle. L’Espérance, que Charles Péguy décrivait comme petite, terriblement fragile, « une petite fille de rien du tout » nous porte vers l’avenir, car dit encore Péguy, « l’Espérance voit ce qui n’est pas encore et qui sera ».
Le 21 octobre 2025
Source de l’image, message du CRIF