Le problème, c’est que l’initiative est venue d’une association qui entend cultiver le culte de Pétain, chef de l’État français de 1940 à 1944, et à travers lui, célébrer la collaboration avec l’Allemagne nazie.
Il s’agit donc de quelques nostalgiques qui veulent réhabiliter un homme et un régime qui a organisé de lui-même, la persécution des juifs (76.000 déportés dont plus de 11.000 enfants entre 1942 et 1944). Le 3 octobre 1940, le régime de Pétain adoptait une loi « portant statut des Juifs ». Quelques semaines seulement après la signature de l’armistice, le gouvernement à peine installé à Vichy, adoptait une loi qui excluait de toute vie sociale nos concitoyens juifs, qui faisait des juifs des « lépreux » selon l’expression de Jules Isaac balayant l’esprit même de la République. Cette loi a été adoptée, librement, volontairement, sans aucune pression allemande. Nous savons grâce aux archives que le projet de loi a été annoté de la main même de Pétain, qui a voulu alourdir encore les mesures antijuives. Ce statut devait être aggravé encore par un deuxième statut adopté en juin 1941. Il s’agissait en fait d’aller au-devant de la politique allemande, afin de mieux insérer la France dans « l’Europe allemande », ce que confirmera quelques jours plus tard, le 24 octobre, la rencontre de Pétain avec Hitler à Montoire. La responsabilité de Pétain est d’autant plus grande, qu’il a contribué du fait du prestige dont il jouissait alors, à désarmer les consciences.
Notre pays est à nouveau confronté à une vague d’antisémitisme sans précédent depuis les années 1940. Comme dans les années 1940 à 1944, les Français juifs vivent à nouveau dans la peur et dans l’angoisse. L’AJCF ne peut accepter que par la célébration de l’Eucharistie, l’Église puisse se prêter à une sorte de réhabilitation publique d’un homme qui a contribué à l’organisation de la mise à mort des juifs de France, et à travers lui d’un politique antisémite. Elle se réjouit de la réactivité des pouvoirs publics, et appelle les autorités ecclésiales au discernement face à toute instrumentalisation de la religion pour banaliser le négationnisme et l’antisémitisme.
20 novembre 2025






