En 1982 - il y 43 ans ! -, un grand acteur de l’amitié judéo-chrétienne, le père oratorien Jean Dujardin écrivait à propos d’une intervention d’Israël au Liban, contre des organisations terroristes :
« Nous nous découvrons impuissants au niveau d’une action politique immédiate, mais nous sommes gravement responsables de l’information de l’opinion sur ces problèmes. Devant le spectacle atroce des victimes de la guerre, nous pleurons et nous demandons spontanément que justice leur soit rendue. Mais voilà qu’Israël dont nous avons longtemps admiré le courage, parce qu’il l’emporte militairement, mis et lui seul au ban des accusés. Les Mass Media n’hésitent plus à lui appliquer des épithètes infamantes, à l’accuser des mêmes crimes dont le peuple juif a été victime du fait des Nazis. Qu’on ose cette comparaison au mépris d’une connaissance historique élémentaire. Quel scandale ! […] Nous ne pouvons admettre ce langage pour nous donner à nouveau bonne conscience. L’antisémitisme latent y a déjà trouvé son compte. » (« Des événements qui nous déchirent », dans Sens, 1987, n° 7/8, p. 165).
Face à la vague de violence antisémite qui déferle, aux mensonges et manipulations qui la nourrissent et la justifient, nous espérons que l’ordre républicain saura, comme il le doit et le prétend, protéger les juifs de France ou d’ailleurs, en réprimant sans trembler tous les crimes pouvant être commis, conformément à la loi et sans minorer ni tolérer le moindre délit, dont on sait à quoi il peut aboutir quand il n’est plus réfréné.
Depuis cette rentrée, les appels au boycott se multiplient à grande échelle dans tous les domaines, culturels, médiatiques, sportifs et deviennent quotidiens et innombrables. La question même de décider si Israël doit être exclu (comme à l’Eurovision et dans des compétitions sportives) devient légitime, et ce n’est que le vote de majorités de plus en plus fragiles qui peuvent encore éviter cette infamie ! Aujourd’hui, il n’est pas besoin d’un nouveau « Statut des Juifs » pour exclure de la société et promettre à une mort sociale, voire à une mort tout court, des citoyens parce qu’ils sont juifs : une simple omission suffit. On n’affiche plus (ou pas encore) des panneaux « Interdit aux Juifs » devant des lieux publics, mais on y revient de fait. Les enfants juifs ne sont pas exclus de l’Éducation nationale, mais de nombreux établissements scolaires publics ne les accueillent plus, renonçant à assurer leur sécurité.
Au regard des événements les plus récents qui font craindre désormais le pire, l’AJCF soutient depuis longtemps la demande exprimée par le Grand Rabbin Haïm Khorsia, de faire de la lutte contre l’antisémitisme une grande cause nationale.
L’Amitié Judéo-Chrétienne est née au lendemain de la Shoah, de la volonté de Jules Isaac de combattre l’antijudaïsme chrétien qui, en pensée, en parole, par action et par omission, avait fait germer et grandir l’antisémitisme social et politique qui fut le bras armé d’une haine durablement entretenue contre les juifs parce que juifs. La parole et l’énergie d’un homme seul, ayant perdu les siens à Auschwitz mais ayant choisi de tendre la main plutôt que de haïr, avait alors permis de convertir le regard chrétien sur les juifs et le judaïsme, au moins sur son passé.
Aujourd’hui, la vocation de l’AJCF demeure dans une actualité qui nous oblige à renouveler ce cri du cœur, pour que les mêmes mensonges n’amènent pas aux mêmes erreurs et aux mêmes omissions, qui donnent une justification à ceux qui n’attendent que notre silence et notre indifférence pour accomplir de nouveaux crimes contre nos concitoyens juifs, avant de s’attaquer à tous les autres qui ne se soumettront pas.
Du 5 au 7 octobre 2025, l’Amitié Judéo-Chrétienne se doit d’être présente aux rassemblements organisés à la mémoire des victimes du pogrom du 7 octobre, partout où de tels rassemblements sont organisés :
Pour exiger la libération des otages encore détenus à Gaza par le Hamas
Pour dire STOP à la haine antisémite
Pour affirmer notre amitié et notre solidarité avec les juifs où qu’ils se trouvent, près de nous, comme en Israël
Dans l’espérance d’une paix dans la vérité et la justice, fondée sur la reconnaissance mutuelle des peuples et des États de la région.
« On ne lèvera plus l’épée nation contre nation, on n’apprendra plus à faire la guerre » (Is 2, 4).
5 octobre 2025