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Compte-rendu de la conférence de Jean-Pierre Lémonon "Jésus de Nazareth. Que disent de lui les historiens aujourd’hui ?"

Cette conférence a été donnée à l’AJCF de Lyon le 14 avril 2011.

L’AJCF de Valence avait reçu Jean-Pierre Lémonon le 13 avril 2010 avec le même sujet mais contrairement à leur habitude, l’enregistrement n’est pas disponible sur leur site car "en raison de problèmes techniques, l’enregistrement n’a pas eu lieu."

A lire ci-dessous : Quelques échos de cette soirée, le plan et des liens pour aller plus loin.

Comme l’a rappelé Jean Massonnet lors de sa présentation, Jean-Pierre Lémonon est prêtre du diocèse de Valence. Il est exegète et historien spécailiste du premier siècle. Il a pendant de nombreuses années été professeur de Nouveau Testament à la faculté de théologie de Lyon dont il fut le doyen pendant 9 ans. Il est à l’origine de la création du CCEJ (Centre Chrétien pour l’Étude du Judaïsme) dont les 20 ans viennent d’être célébrés dans la salle même de cette conférence.
Lien vers le CR des 20 ans du CCEJ

Tout d’abord un éclaircissement sur le titre " le Jésus de l’Histoire" : il ne s’agit ni d’établir une biographie détaillée de l’homme Jésus, ni de chercher des détails de sa petite histoire comme savoir s’il mangeait du poisson ou de la viande ou quelle était la couleur exacte de ses cheveux. Il s’agit de situer Jésus en son temps, dans son milieu géographique et historique, avec ses contemporains.

C’est ce que Jean-Pierre Lémonon a expliqué dans son introduction en distinguant "Le Jésus de l’histoire" du "Jésus réel", lui-même différent du Christ pour les chrétiens, la notion de Jésus de l’histoire étant différente selon qu’on est laïc ou non.
«  L’histoire ne se borne pas à dire ce qui s’est passé, mais elle tend vers la compréhension des événements »

La première partie avait pour sujet "A la recherche de critères méthodologiques permettant de dessiner la « figure » de Jésus." Ou comment les historiens ont travaillé et fait évolué la connaissance du sujet du 17è siècle à nos jours. Le plan ci-dessous en donne les grandes lignes.

La deuxième partie visait à la Restitution de Jésus à son milieu. : « Jésus ne peut être pensé qu’en lien avec le judaïsme de son temps, un judaïsme beaucoup plus divers qu’on ne l’imaginait voici 50 ou 60 ans. »
Le plan donne toutes les références, Jean-Pierre Lémonon a ouvert cette partie par une citation du grand écrivain israélien contemporain Amos Oz : « Tu t’apercevras que cet homme(Jésus) était de notre chair et de nos os, que c’était une sorte de « juste » ou de « thaumaturge », un rêveur, dépourvu de toute compréhension politique, qui trouverait parfaitement sa place au panthéon des grands hommes d’Israël, près de Baruch Spinoza qui fut lui aussi excommunié » Amos Oz (Une histoire d’amour et de ténèbres, Paris, 2004, p. 80).
Insistons seulement sur le dernier point de cette partie : L’apport des chercheurs juifs, car les juifs connaissent particulièrement bien leur tradition et l’époque dans laquelle a vécu Jésus.

La troisième partie était la synthèse en 8 points sur Les données reçues par une grande majorité de chercheurs.

 1) Jésus est un vrai fils d’Israël ; il doit être compris dans sa tradition.
 2) Jésus a été disciple de Jean le Baptiste, et donc proche des mouvements baptistes, lié au courants prohétiques.
 3) Jésus renoue avec la tradition des prophètes ; il a été reconnu par les siens comme le prophète eschatologique. Il annonce une rupture dans l’histoire avec l’avènement du Royaume (Mc 9,1). Il se situe dans la ligne du prophète Jérémie (voir Jr 7,11 et 26), notamment dans sa critique du fonctionnement du Temple.
 4) Jésus instaure le Règne de Dieu, mais un règne déjà là.
 5) Jésus n’est assimilable à aucun mouvement connu du judaïsme du premier siècle, même s’il est proche des pharisiens.
 6) Jésus a accompli des gestes que les chrétiens appellent « miracles » qui ont suscité l’étonnement : signes et puissances , pour susciter un questionnement sur sa personne.
 7) Il est marqué par les courants de sagesse. A la différence des maîtres pharisiens qui veulent rendre la loi praticable, le discours de Jésus est toujours un discours de l’ordre de l’excès.
 8) Les pharisiens sont absents de l’arrestation et du procès de Jésus. Les acteurs de sa mort sont les grands prêtres mal vus de l’ensemble du peuple à cette époque, puisque ce sont des marionnettes aux mains des Romains. Ils assument la responsabilité morale de la mort de Jésus, mais la responsabilité légale en revient au gouverneur, Pilate, qui seul avait le pouvoir de faire exécuter un condamné à mort.

Conclusion :
« Même si elle comporte des résultats parfois divergeants, la recherche sur le Jésus de l’histoire dépassionne l’approche de la figure de Jésus. Elle montre combien Jésus est inséparable du peuple juif. Elle manifeste aussi l’originalité de Jésus en son temps. Une telle recherche met fin à des affirmations simplistes : les Juifs ou les habitants de Jérusalem ont voulu la mort de Jésus. Cette recherche atteste que Jésus n’a pas voulu mettre fin à la Loi d’Israël, ce qui rend compréhensible la continuité qui s’instaure entre la Loi et la Proclamation de Jésus, l’une et l’autre, Parole du Dieu Un. »

 Le plan de la conférence à télécharger en PDF

Plan de la conférence : le Jésus de l’histoire (J.-P. Lémonon)

 Des textes de Jean-Pierre Lémonon sur le sujet à lire en complément :

 cahiers évangile n° 119 -Jésus de Nazareth, prophète et sage, Le Cerf, 2002

Disponible sur le site ci-dessus, deux extraits du cahier :
* Introduction : à la recherche du Nazaréen
* Encadré : dates du ministère de Jésus

 sur le site du Diocèse de Valence
Notes pour les conférences données le 4 mai à Beauregard dans le cadre de la formation permanente des Diocèses de Valence et Viviers. Attention : il s’agit de notes, pas d’un article scientifique publié sous la responsabilité de l’auteur.
Lien vers le texte des deux conférences.

Rosine Voisin