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Le père Georges Maurice (1931-2016)

Le Père Georges Maurice, prêtre du diocèse de Grenoble-Vienne est décédé le 31 août 2016 à l’âge de 85 ans. Nous évoquons ici sa vie et surtout son attachement profond pour le peuple juif.

L’origine de cet attachement remonte à la rencontre de camarades d’école ou de collège juifs, dont l’un disparut le 11 novembre 1942. Mais à la question « Comment le peuple juif est entré dans ma vie ? », il répondait « je ne sais pas, Dieu le sait. C’est un don de Dieu ». Il n’est donc pas exagéré de dire que l’amour du peuple juif en tant que peuple de Dieu, vivant aujourd’hui, a été donné au Père Georges Maurice comme un don du Saint Esprit.

Ordonné prêtre en 1954, à l’âge de 23 ans, le Père G. Maurice avait été successivement vicaire de plusieurs paroisses, puis, à partir de1965, aumônier de lycée. Il redeviendra prêtre de paroisse à partir de 1991 et jusqu’à sa retraite. Il a été, jusqu’en 2012, délégué diocésain pour les relations avec le judaïsme. Parallèlement à ces missions, il a toujours eu des charges d’enseignement auprès des séminaristes, au Centre Théologique de Meylan.

Dès 1969, le Père Georges Maurice avait pris part, à Grenoble, à des rencontres entre juifs et chrétiens. En 1970, il s’associait, à la synagogue Rachi, à une grève de la faim organisée en faveur des juifs d’URSS condamnés au procès de Leningrad. De là devait naître une amitié profonde avec la communauté juive de Grenoble et plusieurs de ses membres dont le Rabbin Kahane. De là naîtront aussi le groupe d’amitié Juifs-chrétiens et, en 1992, un groupe œcuménique de chrétiens en relation avec le judaïsme, l’association Isaïe. Pour lui, ces contacts personnels avec des personnes ou des familles juives et sa participation à la vie religieuse de la communauté passaient avant toute connaissance historique et théologique du judaïsme. « Nous sommes là, disait-il de nos rencontres entre juifs et chrétiens, pour prendre langue. »
Très tôt cependant, il avait appris l’hébreu biblique et l’hébreu moderne. Servi par une mémoire hors du commun, il connaissait par cœur nombre de textes bibliques, notamment les psaumes ainsi que certains textes de la liturgie juive. A partir de 1970, il avait participé aux semaines Israël des Avents aux côtés des Pères K. Hruby, B. Dupuy et de Mme Colette Kessler. Outre sa connaissance très solide de la tradition juive, il se référait également souvent aux textes des Pères de l’Eglise ou même à des théologiens contemporains.

Le rabbin Nissim Sultan prononce le kaddich pour le père Georges Maurice sur le parvis de la cathédrale de Grenoble

Le Père Georges Maurice portait surtout cette conviction que nous ne pouvons pas être chrétiens sans reconnaître la judéité de Jésus et sans affirmer que son peuple, vivant aujourd’hui, est toujours porteur de sa mission dans le dessein de Dieu. Cette conviction du Père Maurice était pour lui indispensable à la compréhension du mystère de l’incarnation. A cette conviction fait écho le témoignage que nous avons reçu du dernier Président de la synagogue Rachi : « [le Père Georges Maurice] avait compris très tôt que la véritable amitié entre Chrétiens et Juifs passe par la connaissance mutuelle des textes, des traditions, et des hommes et femmes qui font ces communautés, dans un esprit de respect mutuel et d’acceptation sans arrière pensée de l’autre. »

Il avait aussi le souci de la sensibilisation des chrétiens à l’importance du peuple juif dans le dessein de Dieu, encore aujourd’hui. Ce souci de la transmission explique ses nombreuses interventions dans les établissements scolaires, les groupes de jeunes, les paroisses, les sessions, - en particulier les sessions de Gagnières, - les monastères ainsi qu’au Centre Théologique de Meylan. Il était, de l’avis de tous ses auditeurs, un pédagogue exceptionnel.

Cependant, pour le Père Georges Maurice, l’amour du peuple juif et l’intérêt pour le judaïsme vivant n’ont jamais été exclusifs de toute autre ouverture. Le mouvement œcuménique était pour lui l’une des grandes étapes du XXème siècle et le retour aux sources juives du christianisme était selon lui le chemin nécessaire pour retrouver l’unité des chrétiens. Il ne faut pas oublier sa collaboration à Grenoble et dans de nombreuses sessions oecuméniques avec Fadiey Lovsky, une collaboration qui était ancrée dans une profonde amitié et une grande communion spirituelle.

Enfin, ces toutes dernières semaines, il nous disait encore sa conviction que le dialogue interreligieux, - notamment avec les musulmans, - était une nouvelle et immense étape qui s’ouvre pour les chrétiens.

Patrick Peltié et René Schaerer
Membres de l’Association Isaïe
(Grenoble)