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Chrétiens orthodoxes : Dimanche du Pardon – Grand Carême

Par Sandrine Caneri, vice-présidente orthodoxe de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France (AJCF).
Dans l’Eglise orthodoxe, le Grand Carême (ainsi appelé car il est le plus important des quatre carêmes de l’année liturgique) est précédé d’un temps de préparation de trois semaines appelé aussi pré-carême qui déjà ouvre le Triode qui s’achèvera le Samedi Saint. Il s’ouvre par le dimanche du Pardon.

Il est ponctué par :

 le dimanche du publicain et du pharisien (Luc 18, 10-14).
 Le dimanche du fils prodigue (Luc 15, 11-32).
 Le dimanche du Jugement dernier (Mt 25, 31-46).
 Et le dimanche du Pardon. (Mt 6, 14-21).

Au fur et à mesure de ces dimanches, nous entrons progressivement dans le jeûne, et dans l’abstinence de tous les produits animaux et leurs dérivés, et également dans l’esprit du repentir, la metanoia, qui est bien plus important que le jeûne lui-même. Tous les offices du carême vont conduire les fidèles à entrer dans un temps totalement différent, qui va les renouveler entièrement. A la fin des vêpres du dimanche du pardon, les fidèles s’inclinent les uns devant les autres pour se demander mutuellement pardon1. Ainsi s’ouvre le Carême, tandis que le chœur chante quelques chants de Pâques.

Plusieurs offices ou prières propres à ce temps liturgique lui donnent sa couleur particulière : le Grand Canon de St André de Crète, la liturgie des présanctifiés (car la Divine Liturgie n’est pas célébrée en carême du lundi au vendredi), l’office de l’acathiste à la Mère de Dieu, l’anaphore de St Basile pour la Divine Liturgie des dimanches. Et à l’inverse de l’Eglise latine, l’alleluia grave et recueilli est une des caractéristiques du Carême.
Parmi toutes les hymnes et prières, l’une d’entre elles, la Prière de St Ephrem, peut être considérée comme la prière de Carême, elle est dite à chaque office tout au long du jour accompagnés de prosternations.
Une sorte de radieuse tristesse parcours tous ces offices qui sont plus longs et dont la structure est différente de ceux du reste de l’année.
Accompagnés davantage de lectures bibliques (mais moins du Nouveau Testament). Ceci rappelle que ce temps était le temps privilégié de préparation des catéchumènes au baptême et que ces lectures servaient de catéchèses. Notons aussi que le jeûne est constamment en lien avec la conversion du cœur, le combat contre les passions et l’amour du prochain.

Le Grand Carême lui-même est ponctué par 5 dimanches :

 Le dimanche de l’orthodoxie ou des Saintes Icônes,
 et le dimanche de Grégoire Palamas.
 Puis le dimanche de la Croix marque la mi-carême et reçoit donc une importance particulière. Comme l’arbre de vie fut planté au milieu du Jardin d’Eden, ainsi l’arbre de la croix au milieu du temps de jeûne. L’évangile (Mc 8,34-9:1) nous rappelle les paroles si graves : "Si quelqu’un veut me suivre, qu’il se renie soi-même, se charge de sa croix et me suive.". Quelques hymnes de ce dimanche ont la même mélodie que des chants de l’office de Pâques afin qu’à la mi-temps de notre effort un encouragement nous soit donné par quelques prémices des lueurs de la Résurrection. Puis viennent :
 le dimanche de saint Jean Climaque ;
 et le dimanche de Ste Marie L’Egyptienne.

Le samedi suivant appelé Samedi de Lazare, nous célébrons la résurrection de Lazare, avant d’entrer dans le Dimanche des Palmes et la Grande et Sainte Semaine, qui débouche sur le Grand et Saint Jour de Pâques : Fête des fêtes et Solennité des solennités. Qui sera suivi de la Semaine Radieuse ou semaine du Renouveau.

Sources : Le Grand Carême, Alexandre Schmemann, Abbaye de Bellefontaine, Spiritualité Orientale n°13, 1974. Et L’An de Grâce du Seigneur, Un moine de l’Eglise d’Orient, Cerf, 1998.