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Loi

Aujourd’hui encore, ce mot fait naître un sentiment de malaise chez bien des chrétiens. Du Nouveau Testament, - Évangiles, Actes de apôtres, Épîtres -, on retient le plus souvent les propos critiques de Paul envers la loi (Éphésiens 2,15), en oubliant les versets qui lui reconnaissent une valeur pour tout homme (Romains 7,12). Le souci de faire l’apologie de la foi chrétienne pousse certains responsables d’enseignement, dans la catéchèse comme dans la prédication, à se servir de la loi juive comme repoussoir.


Utilisé au singulier, le mot renvoie à « l’ancienne » Alliance, à la rigueur des Sadducéens ou à la casuistique légaliste des Pharisiens, auxquelles le christianisme oppose le régime de grâce et de liberté dans l’Esprit, apporté par Jésus de Nazareth. Les exemples abondent, cueillis à la source évangélique-même, et visant ce que le judaïsme a de plus précieux, notamment l’observance du Chabbat (Marc 2,23 - 3,6). Même quand on se souvient que Jésus est venu accomplir la loi de Moïse, et non l’abolir selon ses propres paroles en Matthieu 5,17, cet accomplissement est rarement interprété comme une pratique respectueuse du judaïsme antique, mais aussi comme un dépassement qui la rendrait caduque.

C’est pourquoi il faut sans cesse revenir au sens de la loi dans le Premier Testament et dans le judaïsme, en rappelant deux points essentiels.
 Derrière le mot loi, se cache non pas un arsenal juridique, mais un enseignement de vie concernant l’homme dans son rapport à Dieu, enseignement que le judaïsme appelle Tora qu’il faut étudier et enseigner (Dt 30,10). C’est le rôle du Talmud. Il distingue ce qui s’articule autour du récit, de l’histoire sainte, la Aggadah, et ce qui relève des prescriptions concernant la vie juive, la Halakha.
 Le mot loi devrait être utilisé au pluriel plutôt qu’au singulier, car il couvre de nombreux termes hébreux : commandements, prescriptions, règles, etc., qui conjuguent tous les domaines de l’existence humaine : physique et spirituel, social et religieux, symbolique et éthique. La parole de Jésus affirmant la suprématie du commandement d’amour de Dieu (Dt 6,5) et du prochain (Lv 19,18) sur tous les autres commandements, ne doit pas être comprise comme une contestation du judaïsme, mais au contraire comme une insistance sur son principe fondamental.

Aujourd’hui, la psychanalyse nous alerte sur l’importance de la loi dans la structuration psychique des individus et des peuples. L’approche juive ne peut qu’enrichir la réflexion, au niveau sociétal comme au niveau religieux. Pour le christianisme, entrer dans une perception positive de la loi, comme chemin de vie et non instrument de mort, devrait permettre une connaissance plus juste de Jésus et une meilleure compréhension de la théologie de la grâce.

Quelques lectures :
 Invitation au Talmud, Marc-Alain Ouaknin, Flammarion, collection Domino
 La loi juive à l’aube du XXIe siècle, ouvrage collectif sous la direction de Rivon Krygier, Biblieurope