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AJC Vichy - Compte-rendu du voyage "A la découverte du judaïsme alsacien " (juin 2015)

Vous trouverez ici le programme tel qu’il avait été conçu et tel qu’il s’est déroulé dans tous les détails - y compris dans le respect du timing prévu ! Un grand merci à tous nos amis d’Alsace, à l’Amitié Judéo-chretienne de Strasbourg et à sa Présidente Mme Janine Elkouby. Le soir même de notre arrivée au Centre St Thomas de la Robertsau, au cœur du quartier des institutions européennes, nous avons rencontré tous les amis strasbourgeois de l’Amitié Judéo chretienne avec qui nous avions été en relation pour construire ce voyage intitulé « A la rencontre du judaïsme alsacien » - Mesdames Elkouby, Will-Muller, Haefele ... Messieurs Jean-Pierre Lambert, Freddy Raphaël, Francis Dreyfuss … pour les amis venus d’Auvergne sur cette terre d’ Alsace au passé et au patrimoine si chargés d’histoire. Mais commençant par Strasbourg, comment ne pas aller visiter les trois haut lieux de la vie spirituelle de la capitale alsacienne. Le Pasteur Jean Arbogast nous a reçu à l’Eglise Protestante Saint Thomas pour un brillant exposé rétrospectif sur l’histoire de l’Alsace, la Réforme à Strasbourg et un commentaire sur le tombeau du Maréchal de Saxe érigé par Pigalle dans le chœur de l’Eglise. Ensuite, une excellente guide déléguée par le Crédit Mutuel d’Alsace nous a offert une passionnante visite de la Cathédrale qui, pour la célébration de son millénaire, apparaît dans toute la splendeur de son grès rose, de ses magnifiques vitraux inondant les travées de lumières, de l’extraordinaire mécanique de son horloge astronomique,

Ci-dessous le Pasteur Matthias Helmlinger, dans un récit très personnel et touchant, évoque la visite émouvante du Centre Communautaire de la Grande Synagogue de la Paix dans le Parc des Contades à Strasbourg et l’exposé extrêmement riche du Dr Levy délégué par les autorités du Centre pour nous accueillir et nous parler de l’histoire juive, de son enseignement et de ses liens historiques avec le christianisme. Ensuite Matthias Helmlinger décrit l’important travail de conservation et restauration des textes inscrits sur les pierres tombales de cette très ancienne nécropole de l’histoire séculaire des juifs en Alsace. C’est une œuvre très importantes qui est conduite par M. Jean-Pierre Kleitz. Cette importante nécropole juive n’est d’ailleurs pas la seule sur cette terre d’Alsace.

Pour tous, ce fut un voyage qui a répondu largement à la promesse que nous espérions : un vrai voyage d’études et de rencontres qui fera date dans l’histoire de l’Amitié Judéo-chrétienne Jacob Kaplan de Vichy.

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Compte-rendu du voyage en Alsace avec l’Amitié Judéo-Chrétienne Jacob Kaplan de Vichy (AJC Kaplan) du 15 au 17 juin 2015

J’ai eu la chance de participer à ce voyage organisé par l’AJCKaplan, surtout par Maurice et Odette Galeski et Viviane Dreyfuss.

Quelques paroissiens catholiques ou protestants de Thiers, de Clermont, mais surtout de Vichy, deux prêtres et deux pasteurs étaient du voyage, ainsi que quelques membres de la communauté juive.

Le beau-frère de Viviane nous accueille au centre St-Thomas où nous logerons deux nuits. Il me parle du groupe de discussion inter religieux (chrétiens, juifs, musulmans) à Strasbourg. La volonté de dialogue est un souci permanent des Juifs que nous avons rencontrés. Leur foi ne se satisfait pas de relations humaines rompues voire hostiles. C’est une impression forte qui me restera de ce voyage. Oui, les Juifs cherchent ce qui est humain, ils cherchent à réveiller l’humanité. Le professeur Freddy Raphaël est venu nous voir, malgré le deuil récent de sa seconde épouse. Il ne nous a pas parlé de cela (je l’ai su par d’autres), et a commencé en disant que le judaïsme est une célébration de la vie ! Malgré la Shoah qui reste une grande blessure, les Juifs que nous avons rencontrés nous ont fait découvrir combien ils aimaient l’Alsace : il y avait une communauté juive dans le moindre village, avant la guerre. Je n’oublierai pas cette scène vivante évoquée par Freddy Raphaël : quand il était petit, il accompagnait son père marchand de bestiaux dans ses tournées dans la campagne ; ils partaient en pleine nuit, mais au lever du jour, son père mettait les phylactères, les tefilines pour prier et les compagnons non-juifs respectaient ce temps où le Juif invoquait son Dieu.

Moi qui suis né après la guerre et qui ai grandi en Alsace-Lorraine, je ne savais pas qu’il y avait tant de Juifs en Alsace avant qu’ils ne soient exterminés. J’en ai pris conscience, quand j’ai vu le nom de chaque communauté juive d’Alsace-Lorraine disparue dans la Shoah, gravé sur des rochers dans la vallée des communautés disparues à Yad Vashem [1] : beaucoup de villes et de villages dont le nom m’était familier, par dizaines ! Par la suite, en discutant du sujet avec la famille et d’autres, j’ai pu apprendre des bribes d’histoire juive en Alsace-Lorraine. Elle fut riche. Les Juifs étaient un peuple à part en Alsace-Lorraine, mais les influences étaient quand même réciproques, et il y avait une culture commune. J’ai vraiment touché du doigt ce fait que les Juifs ont intégré presque toutes les cultures du monde, beaucoup se sont assimilés, mais pas tous : ils sont restés juifs sans rejeter pour autant la culture du peuple qui les avait accueillis, mais en fécondant au contraire cette culture. Ce qui fait qu’en Israël, on peut déjà voir représentées les cultures de toutes les nations, puisque les Juifs en Israël sont revenus de presque toutes les nations. Cette année (2015), le nombre de Juifs vivant en Israël a d’ailleurs dépassé le nombre de Juifs vivant aux Etats-Unis.

Il est impossible d’être exhaustif quant à tout ce que nous avons reçu lors de ce voyage. Chaque personne juive rencontrée m’a profondément touché : la foi juive témoigne d’un acharnement à vouloir humaniser ce monde, espérer encore et toujours que la vie triomphera de la mort, que l’Ecriture s’accomplira, elle qui nous annonce le MaSHYaH, le Messie, qui viendra faire la paix sur Israël et qui attirera à Jérusalem les Nations pour venir célébrer HaSHeM, le Nom, le Dieu d’ YiSR’aëL.

Comment ce peuple réussit-il à rester uni, alors qu’il aime tellement la liberté d’opinion, la controverse, les différences (quatre salles de synagogue différentes dans le Centre Communautaire de Strasbourg et du Bas-Rhin et il y a 18 synagogues dans l’agglomération de Strasbourg !) ? N’est-ce pas là un miracle permanent de la grâce du Seigneur ? En visitant cette synagogue de Strasbourg (détruite pendant la guerre, puis reconstruite), nous avons bien sûr passé des barrières de sécurité avec gendarmes armés (nous sommes en guerre contre le terrorisme islamiste !), nous avons été pris en charge par le Dr Salomon Lévy. Il est docteur, dans le sens de médecin, retraité. Quelle humanité et bonté nous avons pu recevoir de lui à travers ses explications, ses commentaires libres et spontanés ! Il n’a pas, comme la plupart de nos contemporains de jugement désabusé sur le monde actuel. Il nous a rappelé qu’en Europe nous vivons beaucoup mieux qu’autrefois, comparativement aux périodes de guerres civiles, de famines, d’épidémies que notre continent a connues (mon dentiste me rappelait récemment qu’il y a à peine cent ans, on mourait d’une appendicite !). Pendant la visite de la synagogue, nous avons eu la joie de voir des enfants avec leurs maîtresses (il y a des écoles privées à l’intérieur de la synagogue). J’ai remarqué aussi sur deux chaises du fond un Juif discutant avec un érudit sur la Bible. L’irruption de notre groupe dans la salle de la synagogue ne les a pas empêchés de continuer leur étude biblique : que voulez-vous ? la Parole de Dieu est suffisamment intéressante en elle-même, pour qu’on ne se laisse pas distraire par un groupe de visiteurs. Nous avons rencontré à l’extérieur de la synagogue le SoPHéR, le scribe qui était venu nous parler la veille de son travail : copier la THoRaH à la main. Il était sorti fumer une cigarette. Il avait séjourné deux ans à BeNeY BeRaQ, haut-lieu des études talmudiques en Israël, et pour lui Jérusalem est plus une attraction touristique qu’un lieu d’études. Il nous a dit ne se mettre au travail que quand vraiment il faut ramener de l’argent dans le ménage, car ce qui le passionne, c’est l’étude et l’enseignement du Talmud dans différents groupes.

Je pourrais écrire encore longtemps : la synagogue de Struth avec Mme Sonia Lemmel, le musée judéo-alsacien avec Mme Béatrice Sommer, le groupe d’amitié judéo-chrétienne avec Mme Janine Elkouby, les recherches de vestiges historiques de la présence juive en Alsace avec Mr Jean-Pierre Lambert (qui a eu du mal à faire fonctionner son vidéo-projecteur, ce qui était pourtant indispensable, car les sculptures représentant les Juifs sur les églises chrétiennes d’Alsace montrent bien l’opinion que les chrétiens avaient d’eux : des gens aveuglés à la vérité du christianisme, des gens impurs, des démons), la visite du plus grand cimetière juif d’Alsace avec Mr Jean-Pierre Kleitz (qui n’est pas juif, mais s’est toujours intéressé à la généalogie ; beaucoup de pierre tombales se dégradent rapidement et, si on ne les prend pas en photo, ce sont des vestiges d’histoire qui disparaissent irrémédiablement ; mais les crédits manquent pour ce travail).

Je terminerai par un texte d’Esaïe (chapitre 66 versets 18 à 22) : « Le temps est venu de rassembler toutes les nations et toutes les langues ; elles viendront et verront ma gloire. Je mettrai un signe parmi elles ; j’enverrai certains de leurs rescapés vers les nations, à Tarsis, à Poul et à Loud, — les tireurs à l’arc — à Toubal et en Grèce, aux îles lointaines (là, nous pouvons inclure l’Alsace !) qui jamais n’ont entendu parler de moi et qui n’ont pas vu ma gloire ; et ils diront ma gloire parmi les nations. Ils amèneront tous vos frères d’entre toutes les nations en offrande au SEIGNEUR, sur des chevaux, des chars et des chariots couverts, sur des mulets et des dromadaires, à ma montagne sacrée, à Jérusalem, dit le SEIGNEUR, comme les Israélites apportent leur offrande, dans un récipient pur, à la maison du SEIGNEUR. Et je prendrai aussi parmi eux des prêtres, des lévites, dit le SEIGNEUR. En effet, comme le ciel nouveau et la terre nouvelle que je fais subsisteront devant moi, — déclaration du SEIGNEUR —ainsi subsisteront votre descendance et votre nom ». Israël, tu ne périras pas !

Matthias Helmlinger, pasteur EPUdF 1 à Thiers-Clermont, le 16 juillet 2015

 Programme du voyage en Alsace du groupe de Vichy AJC Kaplan

[1Mémorial de la Shoah à Jérusalem